Séné 14-18 Marine
- LE PORT, sous marinier sur le Thermidor
- NOBLANC, coulé par collision
- LE ROY marin torpillé par deux fois
- LE FLOCH disparu avec le Suffren
- JACOB disparu sur la route de l'étain.
- DANET et ROLLAND marins "charbonniers" torpillés en mer
- DORIOL, GUYOMAR disparus lors du blocus de l'Otrante
- LE DERF, LE FRANC, PIERRE, disparus avec le Gambetta
- LE DORIOL, DARON, LE PORT : la guerre de la poudre
Le Service Historique de la Défense dresse la liste des résistants ayant eu leur dossier validé par les Autorités. On peut en faire une extraction par le lieu de naissance. Malheureusement, on n'aura pas dans ce groupe, d'éventuels Sinagots, ayant vécus à Séné mais non natifs de notre commune. Cette liste comporte 32 noms de natifs de Séné, reconnus résistants. Parmi eux, les deux Frères LE GREGAM, martyrisés par les Allemands et déclarés "Morts pour la France" [lire article dédié].
Si on prête bien attention, parmi ces 32 patronymes, figure le dossier : GR 16 P 348256 LE BRUN ép. SYLVAIN, Marie 15.11.1919 Séné Morbihan FRANCE Homologué FFC. Il s'agit bien d'une femme, Mme LE BRUN mariée à un certain SYLVAIN. Que sait-on de Mme LE BRUN, née à Séné le 15/11/1919. On commence par consulter en mairie son acte de naissance et sa présence sur le relevés du dénombrement aux Archives du Morbihan.
Une enfance marquée par la Grande Guerre...
Marie Augustine LE BRUN, est née à Bézidel à Séné, le 15/11/1919. La famille LE BRUN est pointée lors du dénombrement de 1921. Son père Julien Marie Alban LE BRUN [6/6/1885-11/4/1927] natif d'Elven, a été mobilisé lors de la Grande Guerre. Malgré les soins apportés par son épouse, Marie Perrine LE BIGOT [25/4/1891-1965], il décède de la tuberculose et sera reconnu "Mort pour la France". Son nom figure au Monument aux Morts de Vannes. Les LE BIGOT étaient cultivateurs à Bohalgo, Vannes, non loin de Séné. Vers 1910, ils s'établissent à Kernipitur à Séné. Perrine LE BIGOT est la soeur de deux soldats Sinagots dont les noms sont inscrits au monument aux morts de Séné : Jean Marie LE BIGOT [18/111888-29/10/1918] et François Pierre Marie LE BIGOT [22/11/1897-6/9/1918].
Un père Poilu de 14-18 mort de la tuberculose, deux oncles morts pendant la Grande Guerre, Marie LEBRUN sait depuis son enfance, ce que sa famille a fait pour défendre son pays. Son heure à elle va bientôt arriver.
De ces années à Séné, son fils Lionel se rappelle un souvenir de famille:" mon grand-père n'a eu que deux filles à son grand regret. Il aimait suivre les épreuves de saut hippique qui avaient lieu à l'hippodrome de Cano, non loin de la ferme de Bézidel et amenait avec lui Marie Augustine qu'il considérait comme son "garçon"."
Vers 1925-26, la famille doit quitter Bezidel et trouve une ferme en métayage à Kerhon commune de Saint Nolff. Marie est scolarisée à l'école Saint Joseph de Saint Nolff. A la mort de son père, en 1927, Marie Augustine alors âgée de 8 ans, est "Adoptée par la Nation", en tant que fille de soldat mort à la guerre. La famille vient s'établir sur Vannes à Bilaire au nord de la gare ferrovière. Marie est scolarisée à l'école Sainte Marie rue Châteaubriand à Vannes. Vers 1933, elle obtient son certificat d'études et dévient apprentie couturière rue de Strasbourg. Elle obtiendra un prix de couture. Après son apprentissage, elle se met à son compte.
Avant guerre par l'entremise d'une amie, elle va danser sur Lorient dans les soirées organisées par la Marine. Elle y fait la connaissance d'André Désiré SILVAIN, [3/10/1918 Ciré d'Aunis-17- 8/1/2005 Vannes], son futur époux, qui suit une formation à l'Ecole de Marine et accomplit son service militaire. La famille SILVAIN est originaire de Picardie. Pendant la première guerre mondiale, elle a fuit l'avancée allemande, si bien qu'André naît en Charentes Maritimes où la famille est réfugiée. Comme son frère aîné, engagé dans la marine, André s'engage dans la Royale.
Quand la France déclare la guerre à l'Allemagne nazie qui vient d'envahir la Pologne, Marie Augustine à tout juste 20 ans. Elle passe et obtient son permis de conduire. Elle souhaite s'engager comme ambulancière pour s'occuper des blessés au front. Cependant, la "Drôle de Guerre" et la "Débacle" des Armées françaises font changer le court des choses. Son fiancé est à Toulon au sein de la Gendarmerie de la Marine. Les Britanniques attaquent la flotte française à Mers El Kébir du 3 au 6 juillet 1940 [deux marins de Séné meurent lors de ce bombardement, lire article dédié]. Après l'Armistice, André SILVAIN est embarqué sur un croiseur au large d'Alexandrie en Egypte et rentre sur Toulon où la Marine française demeure à quai.
1ère occasion de s'engager dans la résistance : L'Opération Savannah.
Depuis l'Armistice de la France, le Royaume-Uni lutte seul contre l'Allemagne. Londres et le sud de l'Angleterre résistent au "Blitz". Les observations de terrain menées par la Royal Air Force indiquent que l’une des escadrilles de bombardiers allemands a la particularité de servir de « pathfinders » (« éclaireurs ») dont la mission est le marquage des cibles au moyen de fusées éclairantes ou bombes incendiaires permettant d’orienter les escadrilles conventionnelles vers les cibles à atteindre. En s’appuyant sur les renseignements glanés en France occupée par des agents de terrain, l’Air Ministry (Ministère de l’Air britannique) est en mesure d’identifier l’escadrille allemande comme étant la Kampfgeschwader 100 stationnée sur l’aérodrome de Meucon situé au nord de Vannes dans le Morbihan. L'opération est montée par le Deuxième Bureau du commandant Dewavrin et par le Special Operations Executive : il s'agit d'abattre les équipages (pilotes et navigateurs) de l'escadrille Kampfgeschwader 100, qui selon les renseignements, se rendent à l'aérodrome de Meucon, en groupe dans des autocars...
L'équipe est formée de cinq soldats français de la première CIA, Compagnie d'Infanterie de l'Air, des Forces Françaises Libres, FFL : Capitaine Georges BERGE [3/1/1909-15/9/1997] , commandant la compagnie, chef d’équipe; Sous-lieutenant de réserve Jean PETIT-LAURENT [3/12/1918-21/8/1989); Sergent chef Jean FORMAN [37/3/1915-17/11/1981] ; Sergent Joël LE TAC [15/2/1918-8/10/2005]; Caporal chef Joseph RENAULT [7/12/1916-12/2/1942 disparu en mer].
- Dans la nuit du 15 au 16 mars, l’équipe des cinq soldats français embarque dans un bombardier Whitley, en emportant avec elle deux conteneurs d'armement léger et un « piège routier » spécialement conçu pour sa mission. À minuit, elle est parachutée près d'Elven, aux environs de Vannes, sous couvert d'un raid de bombardement léger sur l'aérodrome. Le parachutage « blind » fut effectué de nuit et les 5 parachutistes français furent largués dans la campagne à l’ouest d’Elven du côté du Lenn et de Tréhuilan, à 8km de la Dropping Zone prévue.
- (Une stèle sera érigée non loin de leur atterrissage sur la route d'Elven à Questembert). Les 5 para se regroupent et prennent contact avec le vicaire d’Elven, l’abbé Jarnot et deux paysans, les frères François et Luis Renaud, qui organisent un gîte et une cache d'arme à Kerprado. Lorsque le réseau Overcloud qui succède à cete mission Savannah, tombera, François RENAUD sera déporté en Allemagen dont il reviendra à la Libération. À l'aube, les hommes enterrent leur équipement (parachutes et uniformes). PETIT-LAURENT et BERGE sont envoyés en reconnaissance. Ils montent les vieux vélos fournit par l'abbé Jarnot et les frères Renaud. Après deux jours de surveillances et de recherches, PETIT LAURENT et BERGE reviennent et rendent compte que les informations qu'ils ont recueillies ne concordent plus avec les renseignements parvenus à Londres : la plupart des militaires allemands logent maintenant dans de nouvelles baraques construites sur l’aérodrome, ou quittent Vannes où il logent à l'Hotel du Commerce et de l'Epée, rue du Mené, le matin, en voiture individuelle. Afin d'être convaincu de l'impossibilité de cette mission, BERGE renvoie PETIT LAURENT à nouveau en mission d'observation. Mais il ne revient pas ni le lendemain ni le surlendemain. BERGE décide d'abandonner le coup de main, mais il veut mettre à profit leur présence en France : chacun ira dans la région de France qu'il connaît le mieux et y recueillera le plus grand nombre de renseignements. Tout le monde se retrouvera, dans quinze jours, sur la plage de Saint-Gilles-Croix-de-Vie (Vendée) où un sous-marin attendra pour ramener l'équipe en Angleterre. Joseph RENAULT reste en Breagne; Avec l'aide de l'abbé Jarnot d'Elven, il met en sécurité les explosifs non utilisés et réussit à se faire engager à l'aérodrome de Meucon; Joël LE TAC part à Saint-Pabu où réside sa mère, Yvonne LE TAC (résistante qui sera déportée). Georges BERGE va prendre des contacts près de Bayonne et Jean FORMAN fait de même sur Paris.
- Le 30 mars, BERGE, FORMAN et LE TAC sont au rendez-vous fixé. BERGE explique que RENAULT reste dans son pays. PETIT LAURENT manque à l'appel, il s'en expliquera à la Libération. Tous trois passent plusieurs nuits de veille infructueuses dans les dunes, à quelques kilomètres au N/O de la ville. Dans la nuit du 4 au 5 avril, le sous-marin Tigris est là, au large de Saint-Gilles-Croix-de-Vie. La mer est mauvaise. Les marins mettent à l'eau deux canoës, qui se retournent immédiatement. Avec le troisième, un marin anglais, Geoffrey Appleyard, réussit à atteindre la plage, charge BERGE et FORMAN et regagne le Tigris. Joël LE TAC doit rester sur la plage puis décide de regagner Paris en train pour rejoindre son frère Yves.
- Le 8 avril Yves et Joël LE TAC quittent Paris pour Vannes. Ils se rendent chez les frères RENAUD à Elven puis décident de faire un nouveau repérage près de l'aérodrome de Meucon et à Vannes dans l'espoir de mener à bien l'opération.
Lors de ce repérage, Yves et Joël LE TAC se rendent dans une ferme au nord de Vannes. Le dossier 16 P 295515 consultable au Service Historique de la Défense, SHD, à Vincennes, contient le rapport de Joël LE TAC faisant mention de la contribution de Marie LE BRUN.
1er essai SAVANNAH : A l'arrivée à Vannes, [le 8 avril] nous nous dirigeons immédiatement vers le lieu où doit s'exécuter l'attentat, pour faire des reconnaissances. Nous reconnaissons le terrain comme étant très favorable à cette action. Nous attendons une grande partie de la nuit et revenons vers Vannes sans avoir vu de cars, seulement, de temps en temps, une voiture de la Luftwaffe ou un motocycliste.
Nous demandons l'hospitalité à des paysans qui nous donnent les renseignement désirés, le ou les cars, ont changé de route. Ils passent désormais par la route nationalle N.167, allant à Locminé puis à Meucon, prennent la route N778, allant à Saint Jean Brevelay, à 2 km de Meucon et prennent à droite, le chemin ..qui se dirige vers l'aérodrome.
Nous renonçons à exécuter le coup et nous chargeons une persone contactée de faire l'enquête nécessaire.
Lionel SILVAIN, se souvient de ces évènements racontés par sa mère: "Un soir de printemp 1941, alors que ma grand-mère, (Marie Perrine LE BIGOT), prépare une bouillie de farine de blé noir, on frappe à la porte de la maison à Billaire. Deux jeunes gens, affamés, demandent l'hospitalité. Il s'agit des frères LE TAC". Les résistants ont frappé à la bonne porte d'une famille éprise de sa Nation. Ils vont manger et dormir et convaincre Marie Augustine de les aider dans leur repérages.
2ème essai SAVANNAH : Nous revenons le 22 avril à Vannes où nous recevons le rapport de la personne contactée. Par celle-ci, grâce à ses relations parmi le personnel des hôtels où habitait l'escadrille, nous pouvons établir que le seul moment possible de la nuit pour l'attentat est au retour de l'escadrille.
L'aller s'effectue en effet en plein jour (nous sommes en avril). Quant au retour, l'opération manque de surteté, le voyage s'effectuant à 4 heures du matin approximativement, parfois même à 5 heures, et le jour se levant seulement à 7 heures. Nous décidons de tenter l'opération et nous fasions le reconnaissance. Nous avons songé à un moment à placer l'engin en deux segments dans les rails du petit train départemental traversant le chemin mais l'aérodrome ne se trouvant qu'à & km, nous choisissons le croisement de la route nationale N.778 et du chemin comme lieu d'opération. Vers 4h, au lieu du ou des deux cars attendus, nous apercevons quatre cars excortés d'une voiture et de deux motos. Nous renonçons alors, H.1, la personne contactée à Vannes et moi à l'exécution du coup.
Dans son livre intitulé "Joël LE TAC, le Breton de Montmartre", Franck Renaud retranscrit le témpignage de Joël LE TAC et de cette rencontre. "En fin d'après-midi, le duo des LE TAC reprend à pied la route de Vannes. Mais le couvre-feu approche et il reste encore de la distance à abattre. "Nous sommes arrivés près d'un hameau fait de deux fermes et de leurs dépendances. Dans la cour, il y avait une grande et belle jeune fille d'environ 18 ans. Nous devions nous arrêter et stopper momentanément notre marche, sans regretter pour autant la petite halte que nous avions effectuées un peu plus tôt dans un minuscule auberge de campagne. On nous avait servi une succulente omellette. Au moment de ma déportation, elle a "alimenté plus d'une fois mes rêves d'affamés".
La jeune fille de la cour s'appelle Marie LE BRUN. Yves et Joël LE TAC comprennent en un tour de main qu'elle déteste les Allemands. Ils apprennent aussi que les "as" de la Luftwaffe sont bien transportés en car vers l'aérodrome. Mais l'itinéraire a été modifié...Sans donner plus de détails qu'il n'en faut sur leur activité, les deux frères lui demandent de les héberger dans la grange. Elle accepte et ils s'endorment côte à côte, dans la douceur du foin, écrasés par une vraie fatigue. Au petit matin, Marie LE BRUN leur apporte deux grands bols d'un lait brûlant et de larges tartines de pain beurrées. Les estomacs calés, ils saluent la jeune fille et s'en vont pour Vannes. Le train vers Nantes. Puis la ligne avec terminus à Paris. Retour au bercail pour les deux frères. Mais ils sont bien décidés à tenter une nouvelle fois l'opération Savanna si l'information obtenue en dernière minute se confirme. D'ailleurs, avant de quitter la Bretagne, il sont chargé Marie LEBRUN d'aller à la pêche aux informations.
Pendant une quinzaine de jour, Marie LEBRUN va observer les aller retour des pilotes entre l'Hotel du Commerce et de l'Epée à Vannes et l'aérodrome de Meucon.
Yves et Joël LE TAC reviendront le 22 avril à Vannes. Leur informateur a bien travaillé : les aviateurs utilisent effectivement un nouvel itinéraire. "Nous pouvons établir que le seul moment possible de la nuit pour l'attentat est au retour de l'escadrille", écrira Joël LE TAC dans un rapport daté du 10 septembre 1941. Les deux frères effectuent une ultime reconnaissance pour envisager le modus operandi et le dispositif à adopter pour les charges explosives. Là au lieu du ou des deux cars attendus, nous apercevrons quatre cars escortés de deux voitures et de deux motos". Du coup, les LE TAC renoncent et décident de rentrer à Paris.
Lionel SILVAIN complète ce récit par celui que lui racontait sa mère : "d'entrée de jeu , ma mère est sollicitée pour particper à ces repérages qui vont s'étaler sur une quinzaine de jours (entre le 8 et le 22 avril). Elle part à vélo avec les LE TAC à Meucon près des ruines romaines faire des comptages d'avions en évitant les patrouilles canines allemandes. Marie LEBRUN se rend à l'Hotel du Commerce et de l'Epée où sa cousine qui y travaille lui dit que les officiers ne sont pas rentrés d'une mission aérienne, que les portes des chambres sont scellées. Il semble bien que la nuit précédente, les avions bombardiers allemands ont été détruits par les chasseurs anglais équipés de tout nouveau radar qui leur permettent de voler la nuit...[vérifier ce témoignage]
En parallèle, tout au long de cette période de répérage sur Vannes, Marie LEBRUN recherche activement des contacts pour constituer un réseau de résistants qui s'avèreront utiles pour la suite...
La base de Meucon restera active ....pendant la guerre. Le 13 octobre 1941, trois pecheurs de Séné, dont deux femmes, secouraient les pilotes Allemands, qui venaient de s'abimer entre l'Île d'Ars et l'Île de Boed . (Lire article dédié).
2° engagement au sein du réseau Overcloud...
Si l'opération Savannah n'a pas aboutit, elle fut pour autant la première opération aéroportée de parachutistes français sur le sol national occupé. Quelques semaines plus tard, alors qu'une première tentative a échoué pour des raisons techniques, l'opération "Joséphine" est à nouveau envisagée en juin 1941 sous le code mission Joséphine B. Cette fois, des Français avec à leur tête Joel LE TAC réussisent à faire exploser un central électrique de Pessac en Gironde, qui alimente près de Bordeaux la base de sous-marins allemands. Raymond CABARD, l’adjudant Jean FORMAN, le sergent André VARNIER, rejoints par Joël LE TAC parviennent à faire exploser la centrale dans la nuit du 6 au 7 juin 1941. Le 28 août Joël LE TAC est à Londres.
En octobre 1941, alors qu’il est promu sous-lieutenant, Joël LE TAC doit constituer une organisation clandestine articulée autour de l’action subversive. Le projet de mission OVERCLOUD prévoit l’infiltration en Bretagne du sous-lieutenant LE TAC et de son opérateur-radio, Alain de KERGORLAY [1920-2008] Le 14 octobre 1941, les frères LE TAC et de KERGORLAY débarquent sur la côte de Saint-Pabu et rejoignent à Paris, la secrétaire du réseau, Christiane FRAHIER [1918-1942] Tous les quatre ils décident de gagner la Bretagne et s’installent près Vannes, secteur dans lequel Joël LE TAC avait pu s’assurer d’un soutien local lors de l’opération SAVANNAH. [Il s'agit de la ferme de la famille LEBRUN à Bilaire]
Joël met à contribution ce temps passé dans la région vannetaise pour élaborer les modalités de structuration du réseau. Ainsi, il met sur pied dans la région de Vannes des groupements relativement cloisonnés
(Déclaration de Alain de KERGOLAY lors de son audtion à la Libération). De son côté, le radio de KERGORLAY s’efforce de contacter Londres avec son poste-émetteur. Le 30 octobre 1941, le premier message de la mission OVERCLOUD est transmis sous l’indicatif de Joël LE TAC, JOE depuis une ferme morbihannaise confirmant de fait, l’activation du réseau.
Sur le plan des transmissions, le réseau OVERCLOUD ne compte qu’un poste radio à l’automne 1941 qui émet de façon très irrégulière ce qui suscite l’agacement des services londoniens renforcé par le fait que l’opérateur Alain de KERGOLAY présente de sérieuses difficultés de chiffrage des messages à destination de Londres. De surcroît, le poste OVERCLOUD est fréquemment la cible des tentatives de détection par les véhicules allemands de goniométrie ce qui contraint l’opérateur-radio à interrompre immédiatement ses émissions en cours.
Au courant de novembre 1941, l’équipe se rend à Rennes afin de consolider les relations avec les embryons de résistance, les organiser, définir leur rôle respectif et enfin les incorporer à l’organigramme du réseau. Quant à l’opérateur-radio de KERGOLAY, il reste vraisemblablement sur Vannes à la ferme de Bilaire.
Lionel SILVAIN se souvient: "une cousine à ma mère, Lucienne habitait non loin de chez nous rue de Strasbourg. Elle voit circuler dans le quartier un véhicule monté en goniométrie qui essaie de réperer les émissions radio. Sa demeure et les maisons voisines sont fouillées. Les Allemands ne poursuivent pas la route vers Bilaire. La configuration des lieux à l'époque ne laisse pas penser qu'il y a plus loin d'autres habitations. Si bien que de KERGOLAY a le temps de fuir avec son équipement et sa radio."
De KERGOLAY sera arrêté par les agents de l'Abwehr allemande et accepte d'émettre, mais il se garde bien d'utiliser les clés d'identification garantissant l'authenticité des messages transmis.(Source Histoire de Résistance en France, Noguières, R. Laffont). Ainsi Londres apprend que son radio est tombé.
Le 31 décembre, un 2° radio, Pierre MOUREAUX arrive de Londres pour remplacer de KERGOLAY. Pierre Laurent MOUREAUX, né à Nancy le 13/4/1920, se trouve au Pays Basque quant le Général de Gaulle lance l'appel du 18 juin. Le 19 juin il embarque à Bayonne sur un navire belge le Léopold II et gagne l'Angleterre à Falmouht en Cornouailles. Etudiant, il parle allemand et anglais. Le 6 decembre 1941 il accoste près de Saint-Pabu en Bretagne et rejoint le réseau Overcloud.
Le 4 janvier, les frères LE TAC gagnent Londres lors de l'exfiltration de 5 résistants qui veulent rejoindre les FFL. Le 25 janvier 1942, Les frères LE TAC et Joseph SCHEIMAN débarquent sur Saint-Pabu. Yves LE TAC et SCHEIMANN vont sur Rennes, Joël LE TAC va sur Paris.
Dans le livre intitulé "Des Anglais dans la Résistance" de l'Anglais Michael R.D.FOOT et de J.L. CREMIEUX-BRILHAC, les auteurs avancent une explication à l'origine des arrestations des agents d'OVERCLOUD : "les Allemands avaient arrêté un étudiant, dénoncé par La Chatte, l'agent double française Mathilde CARRE [30/6/1908-30/5/2007] comme faisant partie du réseau Interallié, et avaient trouvé dans sa poche le schéma du réseau Overcloud. Ils avaient donc infiltré l'organisation bretonne et attendaient le retour des deux frères LE TAC pour lancer leur coup de filet".
Dans le dossier au SHD côte GR 28P2/25, le témoignage de Poumeau de Lafforest:
Début février commence alors une vague d'arrestations des membres du réseau OVERCLOUD. Le 2 février MOUREAUX est arrêté à Rennes. Il sera emprisonné en France à Angers puis Fresnes avant d'être déporté en Allemagne d'où il reviendra en décembre 1945.
Le 5 Joël LE TAC est arrêté. Il sera conduit à Angers puis Paris et la prsion de Frênes avant d'être déporté avec ses parents. Une quinzaine de membres du réseau tomberont. La plupart seront fusillés.
Le 27 janvier, Christiane FRAHIER [3/10/1918 Tours - 12/12/1942 Saint-Germain en Laye] est également arrêtée par la Gestapo et incarcérée à la prison de la Santé à Paris. Christiane est la fille du receveur percepteur de Montreuil, Adrien Frahier. Elle est a obtenu son brevet d'infirmière et par le l'anglais. Elle rejoint le réseau Overcloud en novembre 1941. Après son arrestation, elle y est interrogée et soumise à des conditions de détention terribles. Condamnée à mort, elle est conduite malgré tout à l'Hôpital La Pitié. Ces geôliers la relachent quelques jours avant son décès à Saint-Germain en Laye le 12/12/1942.
Elle sera reconnnue "Mort(e) pour la France" et déclarée membre des Force Françaises Combattnates au grade de Sous-Lieutenant à titre posthume le 23/3/1950. Depuis 1945, une place honore sa mémoire en la ville de saint-Germain en Laye.
Tel aurait pu être le sort de Marie LEBRUN. Sa "chance" fut d'avoir conserver son vrai nom et de n'avoir pas adopté un nom d'emprunt. Elle ne sera pas retrouvée par les Allemands.
Lionel SILVAIN, son fils complète: "après la disparition du réseau Overcloud, ma mère va continuer à faire du renseignement; elle a fait également du transport d'armes pour les maquisards autour de Saint-Marcel après des parachutages. On y passe toute la garde-robe du soldat LE BRUN, dont les costumes, chemises et chaussures habillent les parachutés et les maquisards". Un jour en gare de Rennes ou de Redon, avec une autre femme résistante comme elle, elles transportent dans une valise des armes. Elles décident de confier leur valise à des officiers allemands avant de passer les contrôle de la gendarmerie française. Elle récupère ensuite leur valise".
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Après le débarquement des Alliés en Afrique du Nord le 8 novembre 1942, la France est totalement occupée par les Allemands. Pour ne pas passer sous le contrôle de l'Occupant et pour ne pas rejoindre les Forces Navales Françaises Libres, les FNFL constituées autour de De Gaulle en Afrique du Nord, la flotte française de Toulon se saborde le 27 novembre 1942.
André Désiré SILVAIN est muté en tant qu'agent maritime à Pornichet, ce qui lui évite le STO. Il épouse sa fiancée à Vannes le 30/10/1943 à Vannes. Au cours de leur repas de noces, les jeunes mariés organisent une quête en faveur des prisonniers comme nous l'indique cette coupure de presse.
Marie Augustine tombe enceinte et sa grossesse est compliquée. En août 1944, alors que Vannes est libérée nait leur garçon, Lionel SILVAIN (1/8/1944) à la ferme de Billaire. Son père André SILVAIN est toujours gendarme maritime. Après la Libération, la jeunne famille vit chez la grand-mère. De 1948 à 1951 André SILVAIN s'engage à nouveau dans la marine dans une mission à Diego Suarez à Madagascar. Victime d'un accident avec un véhicule militaire, il sera amputée d'une jambe. De retour en France, il bénéficie d'une pension. Il passe un concours et décroche un poste de secrétaire aux Inscriptions Maritimes à Vannes. Sa femme, s'occupe de son jeune garçon et continue à confectionner, couper, assembler des tissus pour des vestes, pantalons, chemises et autres robes de mariées.
Le 2 juin 1948, Marie LEBRUN reçoit la distinction accordée aux résistants. Le 21 septembre 1949, elle reçoit la Médaille d'Argent de la Reconnaissance Française.
Elle entretiendra le souvenir de son engagement pendant la résistance avec d'autres résistants dy Pays de vannes. A la retraite de la grand-mère Marie Pierre LE BIGOT [1891-1965], puis après son décès, la famille peut demeurer à la ferme, alors que les terres sont relouées. Peu à peu, le métier de couturière rapporte moins. André SILVAIN part à la retraite au début des années 1970. Il décède à Vannes le 8/1/2005.
Marie Augustine LEBRUN, native de Séné, décède à Vannes le 20/11/2006 à l'âge de 87 ans.
Il faut avoir la mémoire toujours vive de Jean RICHARD pour ce rappeller que notre commune a compté parmi ses habitants des généraux étoilés qui plus est, natifs de Séné.
Emile Louis Marie LE MEUT [21/10/1874- 1949] fait partie des sinagots ayant embrassé la carrière militaire et porté haut et loin la couleur rouge ocre de notre commune. Il nait à Cariel au printemps 1874. Son père Bertrand Marie LE MEUT [30/5/1844 - xxx ] déclare la profession de gendarme. Cet héritage paternel prédestinera Emile vers la carrière militaire. Sa mère Marie Perrine ROZO [24/3/1844 Cariel - 8/5/1898 Vannes], est la fille posthume de l'ancien maire de Séné, Vincent Marie ROZO [1796-1844], qui fut boulanger à Cariel. Elle va lui donner un enracinement sinagot.
La fiche de matricule du jeune militaire LE MEUT est riche d'enseignements. En 1894, il vit à Quimper où il est étudiant. Ses parents vivent sur Vannes, et l'acte de décès de son jeune frère Ange Louis Marie LE MEUT [2/2/1876-2/6/1900] nous précise rue du Commerce.
Le parcours est un sans faute qui amène Emile LE MEUT, qui s'est engagé le 21/10/1892, à monter tous les grades dans l'Armée Française. Cannonier en 1893, Brigadier, Maréchal de Logis en 1894, Sous-Officier en 1896. Il suit alors l'Ecole Militaire de l'Artillerie et du Génie, dont il sort 30° sur 68. Il est promu Sous-Lieutenent en 1889 au sein du 7° Régiment d'Artillerie. En 1900 il passe au 2° Régiment d'Artillerie de Marin et se rend au Tonkin (1907-1909) puis en Cochinchine (1912-1914). En 1902 il est nommé Lieutenant et Capitaine en 1905. Il change de nombreuses fois de régiments. Il est mobilisé pendant Grande Guerre et en 1916, il est Chef d'Escadron. Il change pendant toute le durée du conflit plusieurs fois de régiment d'artillerie. A la fin de la guerre il prend part aux combats au Maroc.
Sa fiche ne renseigne pas sur ses affectations dans l'Entre-Deux-Guerres. Il est nomé colonel.
Cette photo du Minsitère de la Défense le montre alors qu'il est colonel au 11° RAC de Lorient.
Il est nommé Général de Brigade des Troupes Coloniales en 1932.
Durant toute sa carrière militaire, il recevra plusieurs décorations : Commandeur de la Légion d’Honneur, Croix de Guerre 1914-1918, Croix de Guerre des TOE, Croix du Combattant, Médaille Interalliée de la Victoire, Médaille Coloniale, Commandeur du Ouissam Alaouite, Officier de l’Ordre Royal du Cambodge, Officier du Dragon d’Annam, Médaille Commémorative de la Grande Guerre.
Il se retire à Séné, plus précisement à Cariel, là où il nacquit. Selon Jean Richars, pendant l'Occupation, sa maison à Cariel fut réquisitionnée par les Allemands pour abriter la Kommandatu de la 10° Compagnie, Unité 09987D.
Jean Richard se souvient : "je me souviens aussi très bien de l’enthousiasme collectif qu’avait entrainé la libération de Vannes ,donc de Séné. Nous étions voisins au Général Le Meut qui habitait Cariel . Des l’annonce de cette libération tous les habitants de la presqu’île se sont rassemblés pour former un défilé devant se rendre chez le Général . La petite cour qui séparait nos maisons a été envahie . Le Général a eu beaucoup de mal à calmer des Sinagots exprimant leur joie d’être enfin libres. Le calme enfin présent ,le Général a pris la parole pour exprimer lui aussi sa joie de voir la paix s’installer. Il a demandé que la Marseillaise soit chantée ´ c’était émouvant ´ Le chant terminé le Général a souhaité que tout le monde rentre tranquillement chez eux en évitant si possible de fréquenter les cafés, un souhait qui ne sera pas exaucé."
Il décède à Cariel le 1949.
Veste kaki modèle 1931 de petite tenue du Général de Brigade des Troupes Coloniales Emile Louis Marie LE MEUT
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Notre cimetière n'est pas qu'un lieu administratif ou on inhume des personnes décédées. C'est aussi un lieu de mémoire et d'histoire quand on veut bien lui prêter un peu d'attention.
Cette plaque repérée au détour d'une allée de tombes interpelle l'historien local. Qui était ce Sinagot, Hippolyte LE LAYEC? On part en recherche avec méthode. Le registres de l'état civil permettent de confirmer son identité.
Hippolyte LE LAYEC est né à Séné le 19/1/1901 au bourg d'un père boulanger, Julien Marie LE LAYEC [27/1/1872 Theix - 17/5/1920 Lorient] et d'une mère couturière, Marie Louise LE BRAS [20/1/1875 - 9/2/1962]. On sent le bon élève qui grâce à "l'escalier social" de la République, a comme on dit, "réussit" par devenir Gouverneur de la France d'Outre-Mer. Hippolyte LE LAYEC n'aura pas oublié Séné, sa commune natale, puisqu'il choisit d'y prendre ultime demeure.
La famille Le-Bras-Le-Layec est pointée par le dénombrement de 1906. Ce jour-là les parents du jeune Hippolyte ne sont pas là. Il vit chez ces grands-parents Louis LE BRAS [11/8/1848-1922] et Jeanne Françoise EVENO [21/10/1852- xxx]. En effet, la fiche de matricule de son père Julien Marie LE LAYEC nous indique que celui-ci est toujours boulanger à Lorient. Son acte de décès au n°9 de la rue de la Corderie confirme qu'il pétrit la pâtes au sein de l'Arsenal de Lorient où sans doute son épouse vit également, l'enfant étant mieux à Séné..
En 1920, son père décède à Lorient. En 1921, il accomplit son service national. Lors de la rédaction de sa fiche de matricule, Hippolite LE LAYEC est "déjà" contrôleur adjoint des douanes. Il est vrai que la guerre a saigné le pays. La fonction publique a recruté le jeune Sinagot qui ne va pas démériter. Il se marie au Havre en 1926 avec Andrée MARCHET [15/4/1903-27/3/1994] dont il divorcera en 1951, alors en poste à Brazzaville.
Cette même fiche nous indique qu'à l'issue de ce premier poste à Boulogne sur Mer, il est muté en 1929 à Dakar puis en 1935 à Brazzzavile. Il est mobilisé lors de la déclaration de guerre à l'Allemagne nazie du 2/9/1939 au 25/6/1940. A la Libération, il va faire carrière dans l'administration de l'Outre-Mer ce qui l'amènera à être nommé Gouverneur de la France d'Outre-Mer. Il sera décoré de la croix de Commandeur de la Légion d'Honneur. [aller aux archives nationales].
"Nul ne guérit de son enfance" a écrit un poète. Hippolyte LE LAYEC se souviendra de sa jeunesse passée à Séné, de l'odeur du bon pain chaud et choisira de s'y établir à sa retraite. En 1962, l'agent du recensement le pointe au bourg, auprès de sa mère et à quelques pas de la boulangerie Robino, comme un signe du fils du boulanger qui ne renie ni ses racines familiales, ni ses origines sinagotes.
Il décède à Séné le 26/8/1965 et repose au cimetière communal.
Le site internet MemorialGenWeb donne le nom des soldats morts pour la France pendant les deux guerres mondailaes et d'autres conflits. Il répertorie également quelques victimes de guerres. Une recherhce avec la commune de naissance permet de se rendre compte du sort dramatique qui frappa la famille DORIDOR de Séné.
La destruction de Lorient en 1943
Dasn la nuit du 14 au 15 janvier 1943, à 23h55, les sirènes de Lorient donnèrent l’alerte et quelques minutes après, on pouvait entendre distinctement les ronflements des moteurs d’une importante escadre aérienne. Cependant, les Lorientais n’en conçurent pas autrement d’inquiétude, car il était fréquent qu’au cours des opérations de mouillage de mines, les avions viennent survoler la Ville, salués par un feu nourri des batteries antiaériennes. Mais, vers 24h15, les fusées éclairantes s’allumèrent en grand nombre, annonçant un bombardement qui ne tarda pas à se produire. Plusieurs milliers de bombes incendiaires furent lancées ainsi que quelques bombes explosives sur la ville de Lorient.
Les quartiers atteints étaient ceux de la Nouvelle-Ville et de Merville. Plus de 80 foyers d’incendie éclatèrent simultanément et, après avoir dirigé sur les lieux tous les moyens de secours dont on disposait et jugé de la gravité de la situation, le Directeur de la Défense Passive fit appel aux pompiers de la Marine française, puis aux corps de sapeurs-pompiers de Vannes, d’Auray, d’Hennebont et de Pontivy dans le Morbihan, de Quimper, de Quimperlé et de Concarneau dans le Finistère. Les effectifs ainsi utilisés étaient imposant. Plus de 350 officiers, sous-officiers et sapeurs, participèrent à la lutte contre le feu avec 12 autos-pompes, 10 motos-pompes, sans compter un fort détachement de pompiers allemands avec leur matériel.
Malgré tout, la situation était critique. Dans les quartiers denses, le feu gagnait de maison en maison. On décida d’adopter une politique sévère qui fut féconde en résultats. Les immeubles isolés ou entourés de jardinets furent abandonnés au feu, tous les efforts étant dirigés sur les points où il y avait danger d’extension. Le 15 janvier, à 11h30, les corps de pompiers venus de l’extérieur pouvaient ramasser leur matériel et regagner leurs casernes.
120 maisons, dont deux églises, étaient détruites par le feu ou par explosions. L’émotion causée par cette agression n’était pas calmée lorsque, le même jour, à 19h30, une nouvelle attaque se produisit, avec une violence accrue. Le bombardement se poursuivit pendant deux heures, sans interruption. On peut considérer que le nombre d’avions assaillants était de 200.
Les quartiers atteints étaient principalement ceux de l’intra-muros et de Kerentrech. Les bombes incendiaires pleuvaient littéralement sur la Ville. Dès le début de l’attaque, on pouvait dénombrer plus de 400 foyers d’incendie. Le Théâtre, l’Hôtel des P.T.T., l’Hôpital Bodélio, brûlaient. Les pompiers de l’extérieur furent à nouveau appelés.
Bientôt, les bombes explosives succédèrent aux bombes incendiaires.
Vers 22 heures, le centre de la Ville était un immense foyer. La lutte contre le feu était difficile. Par suite de la rupture de la conduite principale de 600 m/m alimentant la Ville, touchée en plein par une bombe, et d’une panne générale d’électricité, l’eau manquait. Il fallut faire des établissements dans le bassin à flot, mais de nombreux incendies ne pouvaient être combattus. Les pompiers, qui venaient de lutter pendant toute une nuit et une journée, faisaient l’impossible. L’Hôtel des P.T.T. put être préservé, grâce au dévouement du personnel.
Un fort vent du Sud-Est activait les flammes. L’atmosphère était irrespirable. Au milieu de la fumée et des flammèches transportées par le vent, des gens à peine vêtus, une valise à la main, dans laquelle ils avaient entassé, très vite, pêle-mêle, les objets les plus chers, fuyaient, éperdus. D’autres, assis sur une malle sauvée à grand peine, regardaient sur la rue brûler les maisons.
Dans les postes de secours, on soignait les blessés, les pompiers aux yeux gonflés et rouges.
La lutte se poursuivit toute la nuit, toute la journée du 16, la nuit du 16 au 17, la journée du 17.
Le 18, on put faire le bilan de cette terrible soirée : 800 nouveaux immeubles étaient détruits. On comptait 14 morts et 20 blessés, mais sous les décombres, il restait des corps dont le nombre n’était pas connu.
Lorient vécut les journées qui suivirent le 15 janvier, dans une atmosphère de panique. Quoique l’ordre d’évacuation ne fut pas donné, de nombreuses personnes quittaient la Ville en toute hâte et, sur les routes, on pouvait voir, se succédant sans interruption, les véhicules les plus disparates, du car spacieux à la voiture à bras, où de pauvres gens avaient entassé toutes leurs richesses.
Cependant, on espérait encore. On ne pouvait pas comprendre que la malheureuse ville était condamnée et qu’elle allait mourir inévitablement.
On compta que 12 tués et plusieurs blessés. Leur noms ont fait l'objet d'acte civil de decès. Ainsi on peut lire les noms de la famille DORIDOR victimes du bombardement de Lorient le 15 janvier 1943.
Joseph Louis Marie DORIDO [9/5/1901-15/1/1943] fils d'une famille de pêcheur de Langle, avait épousé le 16/6/1925 à Séné, Marie Albertine LE FRANC [26/3/1903-15/1/1943]. En 1926, naissait à Séné, Madeleine Marcelle Marie DORIDOR [3/11/1926 - 15/1/1943]. Après le décès de son beau-père, Vincent Marie LE FRANC [19/5/1875 -* ], la famille Dordior accueillit la belle-mère Anne Marie MOREL [27/5/1876-15/1/1943] sous son toit à Bllevue. En 1931, le dénombrement ne montre plus que les parents à Séné. Joseph DORIDOR et sa famille sont partis sur Lorient. Qu'est-ce qu amena les Doridor à aller s'installer à Lorient?
Cette nuit du 15 janvier 1943, la famille qui vit au n°49 de la rue Carnot à Lorient, est surprise dans la nuit, dans son sommeil, par les bombardements. Elle n'a pas le temps de fuir. Leur appartement est détruit par les bombes. Aux côtés de son père, de sa mère, de sa grand-mère qui avait suivi sur Lorient et de sa petite soeur, la dernière de la famille, Anne Marie DORIDOR [21/3/1940- 15/1/1943] compte parmi les victimes. Les 5 Sinagots ont été déclarés "Morts pour la France" en tant que victime de guerre.
Il y a sans doute eu d'autres Sinagots de passage à Lorient ou vivants dans ce port militaire, victimes des multiples bombardements qu'à subti la sous-préfecture.
Ainsi, Jean RICHARD se souvient : "mon oncle André RICHARD et son épouse Féline MOREL vivaient rue Traversière à Lorient et furent blessés pendant un bombardement". Leur fille Andrée RICHARD, à Bubry, née le 6/12/1939, complète ce souvenir: "mon père était directeur au port militaire de Lorient. en septembre 1940, j'avais 9 mois, m'a-t-on dit, un bombardement a cloué mon père 9 jours dans le coma. Il fut trépané et il en resta sourd. Quant à moi, jeune bébé, j'ai reçu un éclat d'obus dans la fesse gauche. Cela m'a handicapé toute ma vie. Je n'ai marché qu'à l'âge de 5 ans. L'ancienne poissonnière en retraite, âgé de 81 ans, à la mémoire intacte, n'a pas oublié cette blessure d'enfance qui se rappelle encore à elle. En février dernier (2-2020), on m'a amputé de la jambe gauche, celle qui reçu l'éclat d'obus allié!
Roger LE ROY est né le 15 août 1925, à Séné, au bout de la presqu’île de Langle. Son Père Joseph LE ROY [26/7/1888-2/2/1981] est pêcheur et sa mère Marie Perrine LE MELINAIRE [26/1/1899-1/7/1988] originaire de Grand-Champs est cultivatrice. Roger Le Roy est le fils aîné d’une fratrie qui comptera 9 enfants. En 1931, la famille est pointée lors du dénombrement et vit au village de Langle.
Sur la presqu'île de Lagle, depuis 1911, les enfants vont à l'école de Bellevue [lire article sur l'histoire des écoles].
Son institutrice à l’école de Langle, Mme Jaffré, ayant détecté ses capacités, avait tout fait pour qu’il puisse poursuivre des études supérieures. Les commentaires du registre de l'école sont élogieux. C’est ainsi qu’il a obtenu son baccalauréat à la suite de sa scolarité au collège Jules-Simon, à Vannes.
Élève officier à Saint-Cyr Coëtquidan, promotion Général Leclerc en 1946-1947, il choisit de servir dans la coloniale ( troupes de marine). Parmi ses premières affectations, l’Indochine où il commande une section de tirailleurs sénégalais et de partisans vietnamiens. Gravement blessé lors d’une bataille, il est rapatrié à Séné où il passe un an de convalescence. Versé dans l’armée blindée, il poursuit sa carrière d’officier en Afrique et en Allemagne. Bilingue, il est nommé officier de liaison entre l’état-major de l’armée française et celui du Centre Europe de l’Otan.
Croix de Guerre, commandeur de la Légion d’honneur et officier de l’ordre national du Mérite, Roger LE ROY revient à Séné en 1982 pour y passer sa retraite. Il décède à l'âge de 94 ans le 30/7/2020.
La vie des Sinagots à la fin du XIX° siècle
Le dénombrement de 1886 semble incomplet et sa lecture est difficile. Nous disposons cependant de l'Annuaire du Morbihan de la même année et du dénombrement de la population de Séné en 1891. Ce recensement nous donne le nom des Sinagots et Sinagotes, de leur enfants et apparentés qui vivent sous un même toit. Ces listes nominatives, indiquent également le village de résidence et la profession du chef de famille. Un comptage manuel (avec un peu d'imprécition sur la méthode) et les professionnels indiqués dans l'annuaire nous permettent de dresser un panarama de la vie à Séné à la fin du XIX° siècle qui compte alors 2918 hab.
15-20 % de la population aux champs :
On ne s'étonnera pas de compter à Séné 124 familles déclarant l'activité de cultivateurs, qu'ils soient cultivateurs fermiers (61), qui loue la terre qu'il cultive, cultivateur propriétaires de la terre qu'il cultive (28) ou simples cultivateurs (24) sans que l'on sache le statut du foncier qu'ils cultivent. Quand l'homme est décédé, la femme devient le chef de famille et on recense 2 cultivateurs fermières et 9 cultivatrices. Cet ensemble d'exploitants agricoles emploie 10 bergers et 14 bergères, souvent des enfants d'autres familles de Séné ou de l'assistance, au travail dès l'adolescence. Autour de ces activités agricoles gravitent un botteleur (bottes de paille), 2 taupiers et un jardinier employé chez une grande famille et 1 sellier pour les chevaux de traits présents sur Séné pour les travaux des champs et quelques uns de courses [lire histoire de l'hippodrome]. L'annuaire site également un vendeur d'engrais et de légumes, Paul Robin, au Poulfanc. Les plus aisés des cultivateurs emploient également des domestiques. On peut supposer, qu'en fonction des travaux des champs, les nombreux journaliers et journalières (environ 70 familles), louent leur services aux cultivateurs comme la forge Tréhondart qui loue sa machine à battre.
Séné, bourg et villages tournées ver la mer :
L'autre activité primaire à Séné est l'extraction de sel. On dénombre 39 chefs de famille paludiers et 8 veuves paludières ainsi que plusieurs marchands de sel. L'activité salicole donne sa raison d'être à la présence de 32 "familles" de douaniers parmi lesquels, 1 receveur, 1 lieutenant, 1 brigadier, 1 sous-brigadier, 1 commis et 12 préposés et 15 autres douaniers (sans plus de précision), logés principalement à la caserne des Quatres-Vents et aussi au poste de Langles. L'annuaire ajoute la présence d'un patachier, agent des douanes sur une embarcation chargé de surveiller la fraude.
Deux gardes maritimes figurent au recensement, sans que l'on sache s'il s'agit de gardiens de concessions ostréicoles. Ils gravitent autour de près de 200 familles de pêcheurs (177) et pêcheuses (veuve de pêcheurs, 19), sans que l'on sache si certains sont spécialisés dans l'ostréiculture. L'annuaire cite M. Juteau, mareyeur.
La fin du XIX°siècle à Séné correspond à l'âge d'or de la marine. Le port de Montsarrac est encore actif et la mer attire un grand nombre de Sinagots. On compte 77 chefs de famille déclarant être marins, et 17 maîtres de cabotage. L'annuaire préfère parler d'armateurs et en cite 20. Le dénombrement comme l'annuaire cite 1 batelier et 1 batelière, les premiers passeur et passeuse entre Barrarach et Conleau [lire l'Histoire des passeurs]. Au total, près de 100 familles sont dans la marine marchande.
La mer au sens large, la pêche et la voilerie (1 tisserand), la marine de commerce (marin, maitre de cabotage), et les marais salants (paludiers et douaniers), font vivre plus de la moitié des familles sinagotes.
On ne s'étonnera pas de trouver un charpentier de marine ou constructeur de canot selon l'annuaire, M. Martin [lire son portrait] qui construit les sinagos des pêcheurs.
Des artisans et commerçants organisés autour de ces activités agricole et maritime :
L'artisanat est bien présent à Séné avec 2 menuisiers, 2 charpentiers, 4 charrons qui travaillent à la forge de Tréhondart au Poulfanc ou chez le maréchal ferrant Seveno au bourg. Ils cerclent les charrettes de fer aux côtés de 7 forgerons qui préparent le métal tant pour les charrettes, que les outils agricoles ou les ancres marines.
Que cela soit pour le sel, les denrées agricoles (Lire histoire de la culture du choux) 4 charretiers et 1 commissionnaire (synonyme de voituriers au nombre de 2 sur l'annuaire) s'adonnent au transport de marchandises et de personnes. 2 cantonniers résident à Séné pour entretien chemins vicinaux et routes principales.
La construction donne un emploi à 27 chefs de famille, dont 7 couvreurs, 16 maçons, parmi lesquesl J. Dano. 1 tailleur de pierre, et un entrepreneur (ferrailleur). L'annuaire de 1886 cite Olivier LE ROY comme briquetier. Activités de construction à laquelle charpentiers et menuisiers contribuent certainement.
Pour nourrir cette population, Séné compte un meunier, M. Gachet qui deviendra maire, 8 boulangers [lire histoire des boulangers], 2 bouchers [lire histoire des bouchers], 1 épicier et 1 épicière, 1 revendeuse (?).
On dénombre également 1 marchand, 2 cordonniers. L'annuaire ajoute 2 merceries. Viennent ensuite 4 repasseuses et une blanchisseuse sans doute au service des grandes familles de Séné (propriétaires, maître de cabotage, rentiers, fonctionnaire des douanes) qui font appel à leur service alors que le reste de la populatin utilise puits et fontaines pour laver son linge.
D'autres métiers sont simplement féminins, comme les ménagères (24). "Ménagère" semble en 1891 ne plus définir l'épouse au foyer. Que revait-il exactement?
On compte 34 lingères. L'appellation couturière n'est plus utilisée. L'annuaire ajoute 3 vendeurs de tissus qui vont supplanter le dernier tisserand. Ces "lingères" participent-elles à la confection des voiles des bateaux?
Les différents villages et le bourg de Séné comptent au total 32 débits de boissons, (37 cabaretiers selon l'annuaire) majoritairement tenus par des débitantes (19), l'activité étant adaptée à des veuves avec des enfants à charges. L'annuaire cite la présence des aubergistes Tastard à la Ville en Bois au Poulfanc [lire histoire des restaurants à Séné ].
En cette fin de XIX siècle, Séné loge 3 institutrices (religieuses), 2 pensionnaires dans le 1er internat bien que l'enseignement public emploie également des instituteurs chez les garçons mais qui ne demeurent pas à Séné. [lire Histoire des Ecoles]
Mme Le Douarin est la sage-femme auprès des femmes de Séné épaulée également par les religieuses qui sont également infirmières, notamment Paterne KERGAL qui en 1894 luttera contre le choléra [lire page dédiée]. Les emploies "catholiques" regroupent 2 religieuses, 2 sacristains et 2 prêtres. Georges Le Buon est recteur épaulé par deux vicaires (Séveno et Olério).
Toutes ces activités, quand elles sont le fait de foyers aisés, font appel à de nombreux domestiques, souvent des adolescents placés, quelques manoeuvres et près de 70 familles déclarent le métier de "journalier ou journalière". Au total, entre enfants domestiques et journaliers, près de 120 foyers fiscaux, dirait-on aujourd'hui ont un emploi qui parait de nos jours assez précaire.
Une trentaine de personnes déclarent une absence d'activité économique que cela soit le fait de 7 propriétaires, dont un emploie 1 garde particulier, de 20 retraités, de 3 rentiers, du maire François Surzur, de l'ancien boulanger Le Douarin, d'un certain Digabel et de 4 rentières, Mme Bourbasquet, Mme Guennec, Mme De Limur et Mme Noblet. 13 autres personnes ne déclarent pas de profession.
Ainsi vivaient les Sinagots en cette fin du XIX°siècle.
Le hasard d'une recherche; on tombe sur un article...de l'Abbé LE ROCH...une nécrologie d'une femme de Séné...elle était pompiste! Le charme de la plume de l'abbé émeut l'historien local... On a envie de parler de Pascaline LE DOUARIN, née LE RAY et des pompistes de Séné.
PASCALINE NOUS A QUITTE. (Article paru dans le numéro de janvier 1978 du Bulletin paroissial "LE SINAGOT")
"PASCALINE EST MORTE!" Cette incroyable nouvelle a fait le tour du pays en quelques heures. Mme Pascaline LE DOUARIN [mariée le 711/1922 à François Marie LE DOUARIN (1883-1935)], 79 ans [née Pascaline Marie LE RAY à Séné le 2/4/1898], incarnait, à elle seule, toutes les vertus des Sinagots : franc-parler, mais aussi joie de vivre et amour passionnée de son cher pays de Séné, amour qu'elle avait su inculquer à son gendre, M. Alphonse LE DERF [1922-1967], ancien maire de Séné. [Lire histoires des maires de Séné]. Sa vie, pourtant, fut traversée par de grandes épreuves: la mort de son époux relativement jeune (52 ans en 1935) la laissa seule à la tête d'une exploitation agricole. La mort brutale de son gendre (Alphonse LE DERF âgé de 45 ans) qu'elle aimait comme son fils, la déchira, mais ne l'abattit pas, car sa fille unique (Madeleine LE DOUARIN) et ses trois petits-enfants étaient là et il fallait les aider à vivre.
Composition de la famille Le Derf au dénombrement de 1962
DOYENNE du CLUB VERMEIL de Séné qui vient de se fonder, elle était la plus jeune par le caractère : elle semblait en être l'âme!..lors des réunions des anciens, au cours de leur repas annuel à la salle des Fêtes, elle était du groupe des infatigables chanteurs de Séné (...pour vous rendre compte,...feuilletez les Bulletins Paroissiaux des dernières années relatants ces repas)...Elle était présente également à toutes les kermesses de Séné et Courses de Cano : elle y venait pour rencontrer par-dessus tout ses amis, les Sinagots.
Jean Richard se souvient :"J’ai très bien connu Pascaline, la belle-mère d’Alphonse Le Derf, maire de Séné. Elle tenait une station d’essence à la sortie du bourg, direction port de Vannes. C'était une fidèle supportrice de l'équipe de foot. Elle faisait tous les déplacements de l’ USS. C’était la seule station de Séné hormis le Poulfanc, route de Nantes."
Son petit-fils Christian LE DERF se souvient : ma grand-mère a tenu l'épicerie du bourg à juste avant-guerre,[ancienne épicerie Janvier, photo ci-dessus de 1940] à côté du bar-tabac. Elle y fit installer la première pompe à essence au bourg. Lorsqu'elle a arrêté d'être épicière, la pompe fut installée devant chez elle, rue de Bel-Air.[photo ci-dessous].
Pascaline LE DOUARIN vivait chez sa fille et son gendre qui lui avait aménagé le sol de leur maison, rue de Bel-Air
Les clients de la pompe à essence aimaient à deviser avec elle. Sa curiosité, son extraordinaire mémoire lui permettait de savoir et de retenir les nouvelles. Elle apportait cette chaleur humaine qui manque tant à de nombreux commerçants d'aujourd'hui. Les petits enfants, eux aussi, l'aimaient : Quelquefois, ne pouvant prononcer son nom ils l'appelaient "Caline !", avec une tendre affection.
Devant cette sympathie et cette amitié qu'elle savait communiquer à tous, comment s'étonner dès lors que l'église de Séné, en ce jour du 24 décembre [elle décéda le 23/12/1977], à ses obsèques, ait elle aussi, "fait le plein"?...Toutes nos condoléances à la famille de PASCALINE ! ...
Joseph LE ROCH, recteur de Séné.
Lire l'histoire des garagistes de Séné.
Dans son court métrage intitulé "Le dernier Sinago", Bertrand MOISAN filme la sortie de l'usine Michelin en 1964 et quelques séquences sur la route de Nantes.
La route de Nantes était alors empruntée par un grand nombre de véhicules et de chauffeurs routiers. Ce n'est pas un hasard si plusieurs sociétés de transport s'installèrent de part et d'autres de ce qui était alors la route nationale 165. Sur Vannes,, il y avait les transporteurs LE GAL et CHAMBOURG mais c'est sur la "route de Nantes" que les plus importants établirent leur bases...
1-Les transporteurs s'installent Route de Nantes...ils se nommaient, Lorcy, Drouin, Dejan, Nives et Rouxel.
En quittant Vannes par la Route de Nantes avant qu'elle ne s'appelle Bouvevard Herriot, il y avait là le siège des Transports ROUXEL. Jean Marie ROUXEL natif de Theix (11/11/1898), est agriculteur à Theix quand éclate le Première Guerre Mondiale. Mobilisé, il contracte une bronchite chronique sur le front et est évacué à l'hôpital de Brest. On lui diagnostiquera la tuberculose et il sera définitivement renvoyé au foyer le 5/2/1918. Après l'Armistice, le jeune agriculteur de Theix se marie avec Mathilde Marie Louise GOUPIL native du Gorvello (21/10/1900), agricultrice également.
La famille va abandonner l'activité agricole pour s'installer à Vannes où Route de Nantes, ils tiennent un café qui sera pendant quelques années le siège de la Boule Vannetaise.
Dans les années 1930, Jean Marie ROUXEL passe ses permis de conduire, comme nous le renseigne sa fiche de matricule. Cela va changer sa vie.
La Seconde Guerre Mondiale éclate et Jean Marie ROUXEL doit subvenir à sa famille. Il achète un camion et commence à livrer des pommes de terre comme l'indique cette coupure de presse.
A la Libération, l'activité de transport va se développer. Sur cette photo, il aide les marins-pêcheurs de Séné à Pénerf lors de pêche à la drague aux huitres en 1949.
Il va acquerrir un terrain Route de Nantes derrière son bar pour y contruire une maison (toujours visible au n° ) et y garer sa flotte de camions.
En 1968, l'entreprise adopte le statut de Société Anonyme.
En 2005 l'entreprise des Transport ROUXEL s'est hissé au 3° rang des transporteurs de Bretagne.
En 2010, l’entreprise se restructure pour mieux s’adapter et répondre aux besoins du marché. Les entités ainsi constituées sont regroupées par pôles d’activités et forment : ROUXEL Béton : Activité de location de malaxeurs à béton dont le siège est localisé à VANNES (56); ROUXEL Citerne :Transport par citernes de produits pulvérulents, liquides, hydrocarbures et chimiques. Le siège est basé à POLIGNE (35); ROUXEL Logistique : Transport et entreposage en lots et demi-lots conditionnés, par tautliners, plateaux, fourgons et frigorifiques. Le siège est situé à VANNES (56); ROUXEL TP : Activité Vrac, benne TP, céréalières et amplirolls dont le siège est fixé à CAUDAN (56).
La société Rouxel exploite desormais 23 000 m² d'entrepôts pour le stockage de produits secs sur Lorient, Vannes, Josselin et Saint-Brieuc et 8000 m² de stockage frigorifique sur Vannes.
L'entreprise quitte la Route de Nantes en pour s'installer en Zone Industrielle du Prat. Le terrain libéré accueille un nouveau quartier à Vannes.
En 2019, elle se porte acquerreur du Château de Beauregard à Saint-Avé où elle installera le siège social du groupe qui emploie en 2020, xxx personnes et fait rouler en France et en Europe une flotte de 900 camions.
Yannick ROUXEL, 3° génération de "routiers" continue de développer l'entreprise familiale vannetaise, dernier trnasporteur qui était installé route de Nantes entre Vannes et Séné.
Au n°1 il y avait les Etablissements LORCY, juste en face du garage Renault.
Tugdual LORCY [8/7/1899- 1/11/1989], est natif de Grand-Champ, au sein d'une famille de cultivateurs. Il fait partie des dernières classes appellées au combat pendant la 1ère Guerre Mondiale. D'abord écarté pour "faiblesse" il est ensuite classé dans la 1ère partie de la liste le 28 septembre 1918. Il arrive avec son bataillon au front le 11 novembre 1918!
Avant de servir sous les drapeaux, il déclare déjà la profession de camionneur. Il est mobilisé pour les opérations extérieures au Maroc en 1920-21. Démobilisé, il fonde son entreprise dès 1922. "Un cheval et une charete, puis deux chevaux et un jour j'ai vu à Saint-Nazaire des camions américains de la Grande Guerre; je suis revenu avec un camion et c'est comme ça qu'on commencé les transports entre Nantes et Vannes".
Le 1er camion est pris en photo qui lui permet de ravitailler les villages équipés des toutes premières pompes à carburant. Il se marie le 2/8/1928 avec Anne Marie BERTHO qui durant ces années l'accompagnera dans l'entreprise. En 1933, il a son 1er garage près du cimetière de Grand-Champ. Fin 1933, début 1934, il s'installe route de Nantes à Séné-Vannes, où l'entreprise ne fera que se développer et où la famille vit à côté du garage.
Tugdual LORCY posant devant un camion citerne rue Thiers à Vannes
Avant guerre, LORCY est déjà spécialisé dans le transport citerne. Le passage à niveau de Saint Léonard est un carrefour dangereux comme le relate plusieurs accidents dont celui-ci impliquant M. Lorcy qui percute l'automotrice.
Pendant l'Occupation, les Allemands réquisitionnent ses camions et ne lui en laissent qu'un pour assurer les services auprès des pompiers et des ambulances de Vannes.
Après le débarquement en Normandie, il cache son dernier camion aux Allemands ce qui lui vaut une condamanation à mort et l'oblige de fuir avc sa famille dans la campagne bretonne . A la Libération, en août 1944, la famille peut revenir dans la maison de Séné. Tugdual LORCY recommence son activité de transporteur et développe son parc de camions.
Au dénombrement de 1962, la famille est pointée par l'agent du recensement et vit à la Grenouillère, quartier au nord de Séné. Sur la photo ci-dessus, la maison côté cour de la famille et Tugdual devant uen Renault 16. Le transporteur est spécialisé dans le camion-citerne pour les carburants, les produits chimiques, dans le jargon, le vrac liquide. Il fit également un peu de liquide alimentaire.
Pour sa retraite, il construit une maison plus spacieuse au n°111 du Boulevard Herriot à Vannes, non loin du garage. En 1965, son fils Pierre LORCY [17/10/1934-30/8/2006], portrait ci-dessus, succède à son père à la tête de l'entreprise qui compte alors 10 camions et emploie 12 personnes. En 1972 la SA Transport Lorcy est créée et compte des dépôts à Lorient, Séné et Vern sur Seiche puis Donges.
Photo prise du parking des Etablissements Lorcy. On voit une publicité pour le supermarché Continent, ancêtre de Carrefour, situé à l'époque route d'Auray. On voit les deux cheminées de la villa Catherine toujours présente Avenue Herriot, en limite de Séné. A droite, on distingue la concession Renault.
Sur cette photographie le camion-citerne Lorcy garé sur la parking avec en second plan le garage Renault-ELF, qui deviendra la concession Bodemer.
A partir de 1982, Pierre LORCY s'est mis en retrait de l'entreprise dont il reste le seul actionnaire.
En 1989, son père Tugdual décède. Il envisage de céder l'entreprise à 5 de ses cadres dirigeants. Cependant ce projet le voit pas le jour et l'entreprise est rachetée par le transporteur GIRAUD en 1990. La SA Transport Lorcy compte alors 190 camions et emploie 200 personnes.
En 2002, le groupe GIRAUD, endetté par l'achat successif d'une quarantaine d'entreprises, cède sa division "liquide" au Groupe EB-Trans.
Courant 2004, l'entreprise déménage sur la zone d'activité de Pentaparc à Vannes libérant un terrain de 2.5 ha qui débouche au sud, sur la rue du Verger, et qui laissa place à des logements, les résidences Vents d'Ouest et Vents du Sud, encore connues sous le nom de quartier "Lorcy".
Pierre LORCY [17/10/1934 -30/08/2006], le fils du fondateur décède en 2006, à l'âge de 71 ans.
En 2018, EB-Trans ferme sa base sur Vannes au profit de son site à Donges.
En face, au n°4 le transporteur DROUIN.
L'entreprise de transport DROUIN Frères fondée en 1912 à Nantes par Charles Drouin, se constitue en DROUIN Frères en 1928.
Pendant les années 30, les Transport DROUIN assurent du transport de marchandises, notamment sur l'axe Nantes-Vannes, et des liaisons de cars forts utiles au Morbihannais.
Une ligne Vannes-Nantes relie les deux préfectures et sans nul doute, les autocars empruntent entre Theix et Vannes, la Route de Nantes. Vers 1938-40, la toute nouvelle SNCF demande l'arrêt des lignes d'autocars. Malgré tout, la ligne Vannes-Nantes subsiste encore en 1940.
Après guerre, les Transport DROUIN ouvrent des succursales en Bretagne et Pays de Loire, pour des autocars de tourisme, du transport de marchandises et du déménagement.
L'autocar à gauche est à destination de Vannes...par la Route de Nantes.
Dans les années 1960, DROUIN Frères ouvre une succursale route de Nantes à Séné. Cependant, l'entreprise subit également les évolutions qui affectent le transport. Une nouvelle industrie "la logistique" se met en place sur une échelle nationale et européenne.
La famille Drouin restera active dans trop de métiers différents, fret routier et colis, jusqu'à mise sous séquestre en 1996 après six ans de pertes. Sur Séné, elle emploie alors 23 salariés et fait rouler 15 véhicules. Les opérations de frêt seront acquises par ZIEGLER, groupe de transport et de l'entreposage belge, qui se porte aussi acquéreur de 12 dépôts, reprend 147 employés et le nom de Transports Drouin. Ziegler est installé à Salarun commune de Theix depuis 2002.
Le terrain sur Séné laissera lui aussi la place à des logements, les lotissement La Croix du Sud.
Au n°8, le transporteur DEJAN avait acquis un terrain pour y garer sa flotte de camions, et avait fait construire sa maison familiale en face du garage Pénel-Le-Roch.
La fiche de matricule de Charles Joseph Marie DEJAN [17//6/1884-30/11/1957] nous indique que ce natif de Ploërmel, était transporteur à Asnières près de Paris avant la guerre. Il se marie à Quettreveille avec une Normande, Marie Gabrille LEVILLAIN, rencontrée à Paris, le 16/6/1908. En 1910, les péoux ont leur 1er enfant, Albert Charles. Survient la guerre. En plus de ses années de service militaire, Charles DEJAN passera 5 ans dans les Armées. Il sera plusieurs fois blessé et plusieurs fois cités.
Après guerre, il revient en Bretagne avec son épouse. Continue-t-il l'activté de transporteur?
On retrouve trace des Dejan, en 1937. Cette coupure de l'Ouest-Eclair, nous indique que Albert Charles DEJAN [8/6/1910 Ploërmel - ??] est négociant en cidre sur Séné. Il pourrait avoir repris le commerce de l'ancien maire de Séné, Joseph Marie LE MOUILLIC [1866-1933], également négociant en cidres.
En 1938, Albert DEJAN rachète à Jean Le Luherne son "Entreprise de Transport de Voyageurs, Commissions et marchandises", qu'il va développer.
A la Libération, Il fait le négoces de pommes à cidre, de cidre et il dispose même d'une cidrerie route de Nantes, où il fait construire la maison de famille. La famille est pointée au dénombrement de 1962.
De pommes en cidres, Albert DEJAN élargit son activité de transporteur. A son décès, en 1976, ces trois enfants, Guy, Claude et Albert poursuivent dans le transport. En 2002, DEJAN Transport compte 17 chauffeurs salariés et autant de camions.
Après le départ en retraite des enfants, au début des années 2000, l'affaire est reprise par la société ROUXEL située non loin sur l'avenue Herriot à Vannes. Le terrain laissera place aux logements Croix du Sud.
Avant la jonction avec la rue du Verger, à la pointe, on trouvait le transporteur NIVES.
Dans un article paru dans le bulletin municipal Vannes MAG, Jean NIVES évoque l'histoire de son entreprise. Natif de Coray dans le Finistère en 1926, son père cultivateur livrait alors avec la charrette des fruits et des légumes à l'unique régiment de Quimper. Comme à Vannes, il y avait trois casernes de militaires, la famille Nives vint s'y installer en 1936, puis à Séné en 1942. A l'âge de 15 ans, pendant la guerre, Jean NIVES commence à aider son père et livre ses premières charrettes et tombereaux de fruits & légumes. Il transportait également le linge sale des cliniques aux lavandières installées à l'étang aux Ducs, qu'il ramenait ensuite une fois propre. L'époque est difficile et le jeune Nives transporte du sable et des matériaux vers les chantiers ou du fumier de cheval venant des casernes vers la gare où il partaient vers les champignognières de Saumur.
A son retour du service militaire, en 1947-48, il a le permis en poche, il se lance dans le négoce de pommes de terre avec un premier camion d'occasion. En 1952, il achète son premier camion neuf, un Berliet GLR8, et sa licence de transporteur.
En 1962, la famille NIVES vit à Séné comme nous l'indique le dénombrement,dans cete maison qui donnait reoute de nantes. Habitant à Séné, il fera deux mandats de conseiller municipal en charge des questions de voiries sous le mandat de Alphonse LE DERF [1953-1967]. A côté du siège du transporteur, il y avait une station service AZUR qui sera rachetée par NIVES pour y agrandir ses bureaux. Il y en avait peut-être une autre, dite "le petit Total" à l'emplacement actuel de la boulangerie Le Bris, [lire histoire des garagistes de Séné].
En 1968, il fonde Jean NIVES SA toujours route de Nantes à Séné et il ouvre un local sur Chartres. Les Etablissements NIVES ont compté jusqu'à 130 personnes et 226 véhicules roulant. A son départ en retraite, il vendit l'entreprise à TURBO Trans, qui malheureusement fit faillite quelques années plus tard...
Les terrains de NIVES laisseront place au supermarché LIDL et la longère où était les bureaux tout comme l'&ancienne maison familaile seront déconstruite en 2019 , dans le cadre de l'aménagement urbain du Poulfanc.
2-Un concessionnaire se rapproche des routiers...
Ce n'est pas non plus un hasard, si à partir de 1960, le garage DUCLOS, spécialisé dans les poids-lourds, situé à l'époque au 34 Rue du Général Giraud à Vannes, décida de transférer son atelier sur la RN 165. L'ancien bâtiment est aujourd'hui occupé par les restos du Coeur.
Fondée en 1918 par Maurice DUCLOS à Josselin, la garage DUCLOS, d'abord installé à Mauron, déménagera à Vannes dans les années 1950, Rue du Général GIRAUD avant de faire construire un nouveau garage à Séné.
Lors du recensement de 1962, la famille DUCLOS vit à Séné au Poulfanc dans une maison qui aujourd'hui a été remplacé par la résidence Harbor & Sens.
Le garage déménagera zone artisanale du Chapeau Rouge à Vannes en 2001, dans une partie des anciens locaux du carrossier poids lourd Lamberet. Le local au n°28 de la Route de Nantes sera loué à des artisans.
A partir de 2015, le batiment sera vendu et il a laissé place aujourd'hui à des logements.
En 2018, l'entreprise familiale fêtait ses 100 ans :
Aujourd'hui, le garage Duclos, c'est sept sites en Bretagne, une centaine de salariés, 300 camions vendus par an pour un chiffre d'affaires de 40 millions d'euros. Du lourd !
3-Un hotel-restaurant s'établit route de Nantes..
Un axe emprunté par des poids-lourds, de nombreuses stations services, des transporteurs installés de part et d'autre de la RN165. Il ne manquait à ce "cluster" de logisitique qu'un hotel-restaurant pour nourrir et loger les nombreux chauffeurs routiers de passage.
La présence d'un bistro, d'un café sur cet axe remonte loin...Le SUROIT ne date-t-il pas d'avant la Révolution? De l'autre côté de la route, près de la forge, il y avait, avant la 1ère Guerre Mondiale, le café tenu par Marie Anne LE GUENNE [5/9/1873-17/1/1951], l'épouse du forgeron Jean Mathurin TREHONDAT (lire histoire des forgerons). A son décès en 1906, elle épouse en secondes noces, Louis Marie LE GUENNE [9/9/1865- ??]. Les époux Le Guenne sont cabaretiers au dénombrement de 1921, 1926, 1931 et Mme LE GUENNE devenue veuve l'est encore en 1936.
Non loin du Poulfanc, Mme Marie Louise GUYOT [12/3/1888-5/5/1957] et son mari Pierre Marie PENRU [13/9/1886-18/7/1924], épousé le 24/8/1910, sont agriculteurs près de Saint-Laurent. Les époux Penru perdent leur cadet Roger PENRU [14/6/1911-4/4/1919] au sortir de la guerre. Pierre Marie PENRU décède en 1924, laissant une veuve avec trois enfants en bas âge, Lucien (1913), Jeanne (1922) et Suzanne (1923). Mme GUYOT, veuve PENRU va travailler au café LE GUENNE. Après le décès de son mari, Mme Veuve PENRU a repris l'affaire à son compte.
Non loin de là, la scierie LE GAL emploie des ouvriers menuisiers. Vers 1950, Mme GUYOT commence à cuisiner leur repas du midi...de bistro on passe à restaurant.
Plus tard, son fils Lucien PENRU [14/1/1913-20/7/1986], portrait ci-dessus, et son épouse Marie Louise LE ROUX [1916 St-Nolff-4/6/1999 Séné] rejoignent leur mère et développent l'affaire sise à l'angle de la route de Nantes et de la rue du Poulfanc.
Vers 1951, on rachète la vieille forge Tréhondat qui a fermé (peut-êrte la masion basse à gauche deu café. En plusieurs étapes, les époux PENRU agrandissent leur restaurant qui devient également hotel, d'abord avec 6 chambres pour accueillir les ouvriers qui contruisent au Prat l'usine Michelin..
En 1962, l'hotel-restaurant routier PENRU compte deux employées d'hotel et une serveuse. La première batisse reçoit un étage de chambres supplémentaires, sur un côté puis ensuite sur toute la longueur et enfin à l'arrière du bâtiment originel, comme en témoigne ses vieilles photos.
En 1964, Bertrand MOISAN filme quelques scènes sur la route de Nantes et notamment des clients qui rentrent chez "Penru". En 1975, l'entreprise familiale adopte le statut de Société Anonyme. Les époux PENRU construisent leur maison en retrait de l'hotel.
Au plus fort de son activité, on servait de 150 à 200 couverts par jour, parfois 300 couverts, se souvient Mme Monique ARZE. Une annexe est construite pour doter l'hotel de 12 chambres supplémentaires pour un total d'une quarantaine de chambres.
Malgré la déviation de la RN165, l'activité de l'hotel-restaurant ne faiblit pas. A sa fermeture en 2003, l'établissement employait toujours 2 cuisiniers, serveuses et femmes de ménage pour un total d'une dizaine d'employés.
L'établissement devint rapidement un débit de tabac (lire histoire des buralistes), activité complémentaire d'hotelier, cafetier et de restaurateur. Le batiment a été plusieurs fois remodelé. Après l'arrêt du métier d'hotelier-restaurateur, la batiment accueillit des appartements aux étages et des cellules commerciales en rez-de-chaussée. La tabac-presse ARZE, est toujours tenu par l'arrière petit-fils de Mme GUYOT, la cabaretière. Quelques restaurants, AU RAPIDO, puis LA TARTINERIE, proposèrent sans succès, de la petite restauration...
Le 18 juillet 2003, Yves Marie ROBIN, journaliste à Ouest-France rédigeait cet article à l'annonce de la prochaine fermeture de l'Hotel-Restaurant PENRU.
Une grande et belle page d'histoire commerciale de Vannes et de Séné va se tourner. L'hôtel-restaurant Penru, situé au bord de la route de Nantes, fermera définitivement ses portes dimanche 31 oût, après plus de 70 ans d'activités. Monique et Guy ARZE et Gilbert PENRU, les propriétaires n'ont pas trouvé de repreuneur.
C'est assurémen t, l'âme du quartier du Poulfanc. Sa fermetrure prochaine laissera certainement un énorme vide, tant chez les habituels qui fréquentent les lieux depuis des annéees, que chez les riverains et les très nombreux automobilistes qui passent régulièrement devant. A la fin de l'été, au soir de la dernière journée du mois d'août, les lumières de l'hôtel-restaurant Pendu s'éteindront à jamais. Une belle et longue page d'histoire se trounera alors. C'est en 1930 que Louise Penru reprenait un petit estaminet de campagne, crée au début du XX°siècle. L'endroit était stratégique. Il se situait, à l'époque, au bord de la route nationale 165 reliant Lorient à Nantes, via la commune de la Roche-Bernard. A l'origine, ce débit de boissons était surtout fréquenté par les agriculteurs sinagots qui s'en allaient régulièremùent à la gare de marchandises de Vannes déposer leurs cargaisons de choux fleurs.
Les routiers sont sympas
"Notre maman Marie-Josèphe a pris la suite de notre grand-mère en octobre 1940, racontent Monique et Gilbert, la gille et le fils, et Guy ARZE, le gendre. Notre père, lui, travaillait à l'extérieur, chez un épicier en gros de Vannes. Très vite, elle à senti que l'activité allait se développer. Voilà pourquoi en 1950, elle lança la construction d'un petit restaurant. Elle y servait des repas oiuvriers, essentiellement pour les employées de la parqueterie, LE GAL au Poulfanc."
Les routiers, français et étrangers, qui voulaient rejoindre la Loire-Atlantqiue ou le Finistère, ont eux aussi apprécié l'adresse. Tous se sont, alors, donné le mot et le commerce s'est développé. " 1959 est l'autre date importante pour l'établissement. A ce moment-là, la zone industrielle du Prat commençait à sortir de terre. Il y avait du monde sur les chantiers. Il nous a fallu ainsi aménager six chambres pour héberger ceux qui édifiaent l'usine Michelin".
Appartement et locaux commerciaux.
L'énnée 1963 sera, elle, marquée par l'ouverture de 18 autres chambres. Deux ans plus tard, la famille Penru donnait la vie à un hôtel annexe de 17 nouvelles chambres et à une plus grande salle de restauration. "On nous disait que nous allions être en difficulté avec la mise en service de la voie express. Il n'en a rien été. En 1972, nous rasions tout pour rebâtir immédiatement. Au maximuù, nous avons servi jusqu'à 400 repas par jour. Notre maman a travaillé jusqu'en 1970. Papa l'avait rejointe aux fourneaux." Tous les deux ont ensuite passé le relais à Monique, la fille de la maison, et à son mari Guy. La fatique et quelques petits pépins de santé les obligent aujourd'hui, à arrêter leur activité. "Ma soeur Monique travaille depuis 43 ans, rapelle Gilbert Penru, son frère. Mon beau-frère Guy est là depuis 33 ans. Tous deux ont mérité de s'arrêter. C'est sûr que c'est difficile pour nous de fermer. C'est dur aussi pour le shuit salariés. Certaints travaielelnt avec nous depuis 25 ans, voire d'avantage. Mais nous ne pouvions pas faire autrement. Nous n'avons pas trouvé de repreneur". D'ici quelques mois, l'immeuble sera entièrement réaménagé. Des appartements privatifs verront le jour à l'étage, tandis que des locaux commerciaux (une banque) s'installeront au rez-de-chaussée. Le tabac voisin, lui, fonctionnera toujours. Se sont Didier et Patrick, les deux fils de Monique et Guy ARZE, qui en sont responsablmes aujourd'hui. La famille Penru sera ainsi toujours bien présente le long de la route de Nantes, lieu mythique d'une formisable réussite commerciale.
Les nombreux véhicules qui empruntent la route de Nantes pour entrer ou sortir de l'agglomération de Vannes traversent le Hameau de Saint Léonard à cheval sur les communes de Séné et de Theix. Ce petit village nous présente un patrimoine tout à fait remarquable
Sur la butte au dessus de la route, un peu masquée dans l'herbe, on découvre la Croix de St-Léonard, sise en la paroisse de Theix et si familière aux Sinagots. Elle a été restaurée vers 1940, ainsi que celle de Bonervaud, située plus loin sur la même voie, avec les débris des deux croix géminées trouvées dans le fossé de la route."Source l'Abbé Le Roch). Non loin de là se tenait un moulin à vent comme l'indique le relevé cadastral de 1844.(ci-après)
La Chapelle Saint-Léonard (XVème siècle et 1767), reconstruite en 1767, est située en contre bas de la route de Nantes. Saint-Léonard est un prieuré cité au XVème siècle et qui subsiste jusqu'à la Révolution. La chapelle porte la date de 1767 mais on sait qu'une chapelle existait très anciennement en ce lieu puisqu'en 1485 un seigneur de Lohan y fut enterré. Deux contreforts sur la façade principale semblent datés du XVème siècle.
Extrait du cahier des amis de Vannes : Citée par Dubuisson-Aubenay, dans son itinéraire de Bretagne de 1636, la chapelle de Saint-Léonard était le siège d'un petit prieuré à la présentation des soeurs de Salarun (Theix). En 1425, le duc Jean V y fit porter des présents pour l'heureuse naissance de son fils Gille. La chapelle est encore citée au procès de canonisation de Vincent Ferrier (1455) et dans un compte de la fabrique de la cathédrale de 1485 indiquant que le sieur de Lohan, puis sa femme, y furent inhumés. En 1695, ses revenus étaient affermés au secrétaire de l'evêque. La chapelle a été entièrement restaurée en 1767 (date inscrite sur la porte) et sauvée de la destruction sous la Révolution quand un voisin abtiny de la louer comme étable. Rendue au culute, elle risquait ruine quand une association se créa en 1974 pour l arestaurer et l'entretenir et rétablir son pardon annuel.
Edifice rectangulaire soutenu par des contreforts à l'ouest (restes du XV siècle), la chapelle voutée d'un lambris et enrichie d'un autel du XVIII°siècle et de plusieurs statues, Sainte Anne et la vierge (bois). Sainte Cécile (terre cuite), patonne de Theix, et Saint-Léonard qui apparait aussi dans le vitrail où il console les prisonniers. Ermite du V°siècle, Saint Léonard (466-559?) selon la tradition, aurait été baptisé avec Clovis, son cousin à Reims en 499; retiré dans la forêt de Pauvin, près de Limoges, il y meurt à l'âge de 93 ans. Fêté le 6 novembre, il est le patron des prisonniers. (D'après "Eglises et chapelles du Pays de Vannes, tome II Vannes-Est, Joseph DANIGO.
Pour passer sur la commune de Séné, on emprunte le Pont de Saint Léonard qui enjambe la rivière du Liziec à quelques mètre de son embouchure avec la Rivière de Saint Léonard et le Golfe du Morbihan. Le promeneur descendra sur la berge pour découvrir la construction. Jusqu'aux années 1946, la ligne de Chemin de Fer Secondaire du Morbihan passait sur ce pont. Lire article sur la Grotte de Jean II.
Une fois passé le pont, on ne peut le manquer. Situé dans le quartier limitrophe des communes de Séné et de Theix, le restaurant LE JARDINS DE LEONARD a ouvert en septembre 2020, à l'emplacement du BOUCHON BRETON.
Le BOUCHON BRETON, était installé au N° 130 de la route de Nantes à Séné depuis mars 2013 et géré par Michel & Marie Odile BOEFFARD.
On doit le JARDIN DE SAINT LEONARD à Cécile BRETON et Frédéric FORTIN qui ont officiellement signé l'acte en avril 2020.
Ce restaurant bénéficie d'une très bonne exposition et d'un lieu imprégné d'histoire à deux pas des sentiers qui mène à la Grotte de Jean II ou de la Croix de la Brassée.
En limite entre Theix et Vannes, près de la chapelle de Saint-Léonard, sa fontaine et sa croix, un village est constitué dès 1810 sur la commune de Theix mais pas encore à Séné. Au cadastre de 1845, quelques maisons sont bâties également sur Séné. On identifie facilement ce qui deviendra au n°66 Route de Nantes, le constructeur Design & Tradition et au n°130 Route de Nantes, le restaurant et l'artiste ferronnier.
Le dénombrement de 1841 nous indique que Philippe DANET et Yvonne FILIOZ sont aubergistes. Leur auberge fait vivre au total sept membres de leur famille, dont les memebres de la famille Guénanton, apparentés aux Danet.. Charrettes, voitures hippomobiles vont et viennent sur la route royale de Nantes à Audierne.
Au hasard de recherches sur les sites de généalogie et sur les registres d'état civil, on trouve cet acte de décès à Séné de Anne GUENANTON [ca 1799-26/12/1858] marié à Mathurin LE GAL né à Noyalo le 25/9/1808. qui déclare en ce jour du décès de son épouse la profession d'aubergiste à Saint-Léonard. On peut penser que le débit de boisson ou cabaret de Saint Léonard est passé de la famille Danet à la famille Guenanton. Mathurin LE GAL se marie en 1859 avec Jeanne Louise QUESTER [11/3/1817 - 3/9/1880] de Cressignan.
Le dénombrement de 1886, fait apparaitre le nom de Marie ALLANIOUX qui exerce l'activité de cabaretière. On peut penser à une vente de l'établissement de Mathurin LE GAL à Mme ALLANIOUX car aucun lien de parenté n'est mis en évidence. Il s'agit de Jeanne Marie ALLANIOUX, veuve alors de Jean Patern LE PLAT. Elle avait déjà eu pour mari Jean François LEROUX, dont elle eu deux filles, Désirée et Marie Jeanne LEROUX qui apparait au dénombrement de 1886. Au décès de sa mère, Marie Jeanne reprend le débit de boissons. Après son mariage en 1889, elle décède prématurément en 1891.
Patern Marie LE PLAT se marie la même année 1891 et reprend l'établissement avec son épouse Marie Louise PLUNIAN.
Les "Le Plat" perdront leur unique garçon, Lucien LE PLAT [17/8/1893-2/6/1918], charron chez le forgeron Tréhondat, pendant la guerre de 14-18, alors qu'il était rentré à Séné pour se marier avec Marie Rosalie LE BRECH le 26 février 1918...
Après guerre, ils déclarent l'activité de cabaretier lors des dénombrements de 1921 et de 1926, puis celle de débitant en 1931.
En 1928, lors de l'étapedu Tour de France arrivant à Vannes, le régiment d'infanterie se poste sur la butte de Saint-Léonard pour assister à la course.
Après le décès de Mme PLUNIAN,Mathurin BIHOES et son épouse Marie Josèphe POURCHASSE [29/7/1902-6/11/1977] achètent l'établissement aux héritiers Le Plat en avril 1948. L'établissement portait alors le nom bucolique de "Rendez-vous des Chasseurs et des Pêcheurs". Les Bihoes font quelques travaux et demeureront cafetier jusqu'en 1954-55.
La café a pignon sur la route de Nantes. L'endroit est toujours dangereux. Venant de Theix il faut négocier la descente, puis passer la chicane du pont sur le Liziec, ancienne voix ferrée, pour repartir vers Vannes.
Ces deux photos illustrent un accident qui impliqua le producteur de muscadet, Donatien BAHUAUD. Au passage, on peut noter l'aspect des bâtiments dans les années 1950. Le corps principal n'a pas bougé; l'aile droite a été depuis rallongé vers Theix et du côté gauche, un hangar a été accolé à la batisse.
Vers 1959, la route de Nantes est rectifiée et ne passera plus au ras de l'établissement.Le dénombrement de 1962, nou smontre la présence de M. Bihoes qui demeurera dans sa maison jusqu'à son admission en maison de retraite.
Le bien sera vendu le 3/10/1996 à la SCI Kerleo. La Girouette (Ane Art Chic) , atelier de ferronnerie d'art verra le jour ainsi que le restaurant LA FERIA qui laissera place vers 2005 au restaurant Le Bouchon Breton.
En 2020, le bien est revendu à a societé de Nantes FCMB qui revend le bien en 3 lots dans la foulée: le restaurant, l'atelier et la maison d'habitation. Depuis l'automne 2021, L'Atelier de Saint Léonard propose la dégustation et la vente d'un large choix de café, torréfiés sur place par Isabelle BAZIN, artisane torréfacteur.
L'espace de "Bien-être" PARACELSE est venu compléter l'activité de cette entrepreneuse en 2023.