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dimanche, 08 juin 2025 17:28

MORIO périt au passage du Cap Horn 1901

Dans son livre intitulé les Cap-Horniers de Séné, L. Brulais a recensé les voyages des marins sinagots au delà du Cap Horn entre les océans Atlantique et Pacifique. Il s'est appuyé sur le site du Service Historique de la Défense SHD, Mémoires des Hommes, où les fiches des Inscrits Maritimes du Sud-Morbihan ont été numérisées et sur les travaux de l'association des Cap-Horniers. Celle-ci a recensé les marins français qui ont entrepris un long voyage depuis l'Europe jusqu'aux Amériques en passant par le célèbre Cap Horn et le Passage de Drake. Cette route maritime périlleuse a vu un grand nombre de navires en difficulté et de nombreux marins périr lors d'un naufrage ou d'une mauvaise mer. Avec l'inauguration du Canal de Panama en 1914, le traffic des cap-horniers sera consédérablement réduit.

Il saluer ce travail collaboratif qui pu ainsi mettre à jour le destin dramatique du marin sinagot Emmanuel MORIO.

Emmanuel MORIO nait au village de Montsarrac le 14/5/1874 au sein d'une famille de marins, comme ce village sinagot en compte beaucoup. Son père Vincent Marie {1840-1900] est marin et sa mère, Marie Anne LOISEAU [1840-1929] sera ménagère puis pêcheuse.

1886 MORIO family Montsarrac

On retrouve la famille pointée lors du dénombrement de 1886. Son frère aîné, François [1868-1937], âgé de 20 ans, accomplit sa doute son service national et ne réside pas au foyer. Le petit fils de François, Alphonse Le Derf sera maire de Séné. La famille a été endeuillée par le décès en bas âge de 4 enfants : Jean Marie [1870-1882], François [1871-1882], Jean Louis [1872] et Vincent [1879-1881]. La famille de marins compte donc 5 enfants, François, Emmanuel, Louis [1876-1941], Joseph [1881-1956] et Marie Vincente [1884-1960] 

1901 MORIO family Montsarrac

Au dénombrement de 1901, Mme Morio a perdu son mari. François et Louis ont quitté le foyer familial.
1888 MORIO Emmanuel marin

Emmanuel MORIO embrasse le métier de marin comme mousse à l'âge de 11 ans le 19 février 1885. Il navigue sur des canots inscrits dans les quartiers de Vannes et Lorient. Il est novice à l'âge de 14 ans , le 14 octobre 1888 et continue à naviguer pour des patrons inscrits en Morbihan. Il devient matelot le 21 août 1892, il est âgé de 16 ans. Il navigue alors pour des navires rattachés aux ports de La Rochelle et Bordeaux.

1892 Morio matelot

Le matelot MORIO navigue pour des patrons de Bordeaux, Cancale, Dunkerque, Fécamp. Il rejoint le dépôt de Lorient pour son service militaire et il est rapidement affecté à Toulon. Il sera en mission à bord du Cécile, du Bien Hoa, du Duguay-Trouin du Bouvet et de l'Alcyon où semble-t-il, il tombe malade. Il est "congédié" en juillet 1899.
De retour en Bretagne, il sert sur des navires armées à Nantes, Bordeaux, La Ciotat.
Le 29 août 1901, il embarque à la Rochelle sur le quatre-mâts le Pacifique III.

Quatre mats King St Michael

Pacifique III, troisième du nom, est un quatre-mâts en acier, construit en 1883 à Glasgow, mis à l'eau sous le nom de Knight of Saint-Mickael. Il est acheté par l'armateur Bordes en 1897. Le Pacifique 1 fit naufrage au Chili et le Pacifique 2 entra en collision dans la Manche avec un streamer, occasionant la père de 15 naufragés et 8 disparus.

Emmanuel MORIO à 27 ans losqu'il rejoint, le 31 août 1901 la Pacifique III qui appareille pour North-Shields en Angleterre avec 35 hommes d'équipage. Il fait escale à Newcastle du 13 septembre au 9 octobre puis il prend la direction de l'Atalntique Sud. Début décembre 1901, c'est l'été dans l'hémisphère sud, le Pacifique se présente au Passage Drake pour franchir le Cap Horn.

1902 Le Velo article

Ce rare article de presse en France rapporte les circonstance du drame: "Le quatre-mâts dunkerqouis "Pacifique" a été assailli par une violente tempête au large du Cap Horn. Le capitain, le lieutenant, quatre matelots et un mousse ont été enlevés par un coup de mer.  Le navire a perdu a perdu ses embarcations, ses haubans, ses pavois et a de plus des avaries dans sa mature. Il ap u cependant faire relâche à Montevideo."

Montevideo Port 3

1901 MORIO PacifiqueLa fiche d'inscrit maritime mentione la disparitiondu marin sinagot, entériné par un jugement du du tribunal de La Rochelle.

A Montevideo, la presse locale s'empare de la nouvelle. Le périodique La Alborada mùandate un journaliste pour recueillir des témoignages. (voir en pièce jointe l'article complet)

La Alborada titre

Une tempête au Cap Horn - La frégate Pacifique

La presse quotidienne a déjà donné la nouvelle de l'arrivée à notre port de la frégate française Pacifique, qui durant sa traversée entre l'Angleterre et le Chili a subi une des plus furieuses tempêtes au passage du terrible Cap Horn.
La Pacifique naviguait sans nouvelle depuis son départ de Tyne jusqu'à arriver au lieu où s'est déroulé le terrible drame que nos lecteurs connaissent déjà. Les vagues énormes et accablantes balayèrent le pont de la frégate, lui causant des dommages dans la coque. Au plus fort de la tempête, quand l'équipage se trouvait exténué de fatigue luttant contre la bravoure de la mer, une vague passa sur le pont et emporta pour toujours son capitaine et six de ses subordonnées.
Le 1er commandant, M. Gascon, dont le portrait (*) avec sa famille accompagne ses notes graphiques, accomplissait à ce moment-là son devoir de chef directeur des manœuvres.

1902 La Alborada 1
Les noms de ses compagnons malheureux sont : Ropers (officier, pour lequel nous publions aussi une photographie au milieu de ses camarades) Lenclos, Grégoire, Morio, Senize et Béré.
Le commandant en second, après avoir demandé conseils auprès des autres officiers, décida de poursuivre vers Montevideo, où il arriva avec la frégate samedi dernier. Depuis lors, la frégate subit les réparations nécessaires.
Notre directeur, qui a interviewer les survivants de l'horrible catastrophe, pu recueillir de leurs lèvres que ce n'est que grâce aux conditions excellentes du navire qu'ils ont pu être sauvés du naufrage. La Pacifique, qui était une splendide frégate, comme on pourra voir sur la photographie (*) pris pour l'occasion par La Alborada, est un sister-ship du voilier France qui disparut dans l'océan il n'y a pas très longtemps.

1902 La Alborada 2
La Pacifique demeurera dans la rade extérieure de notre port jusqu'à qu'elle recoive des ordres de son armateur et des consignataires. Une photographie (*)  illuste également cette breve information, prise au Havre, dans laquelle figure l'actuel commandant de la Pacifique, monsieur Leyat,avec un goupe d'amis. Le sieur Leyat es celui qui se trouve à gauche appyé sur une canne.

*photographies sans doute retrouvés dans les effets personnels des marins disparus

1902 La Alborada 3

La nouvelle de la perte de ces 6 marins eu peu d'échos dans la presse française.

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