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samedi, 04 février 2017 20:05

14/ Bataille de la Somme 1916

La Bataille de la Somme de 1916 s’est déroulée sur une large zone du département de la Somme sur une ligne de 45 km, depuis Gommecourt et Bapaume au nord jusqu’à Chilly au sud de Chaulnes. Les Britanniques tenaient le front au nord jusqu’à Maricourt tandis que les français- à cheval sur la vallée - tenaient le sud.

La stratégie générale pour 1916 sur les fronts français, russe et italien avait été exposée à la conférence inter-alliée de décembre 1915 au Q.G. de Chantilly où Joffre avait clairement défini l’offensive de la Somme. Mais “la fournaise de Verdun” oblige les commandements alliés à raccourcir le front et à inverser les rôles : celui de l’armée britannique allait devenir primordial.

Le commandement allemand s’attendait à une offensive de grande envergure au nord de la Somme et avait donc eu le temps de considérablement consolider ses positions. Il avait ainsi une remarquable utilisation de la topographie, aménageant des fortifications de béton, renforçant les tranchées qui, dans tous les cas, surplombaient les lignes adverses, creusant d’innombrables réseaux souterrains de communications (parfois jusqu’à 12 m de profondeur), d’abris et de casernes.

La préparation de l’offensive se poursuit dans chaque armée et c’est en fait une ville provisoire qui s’installe : il faut ouvrir de nouvelles routes, en consolider d’autres, construire des ponts, des gares et des voies ferrées pour acheminer le ravitaillement, le fourrage, le matériel, les munitions, creuser d’autres tranchées, des parallèles de départ et des boyaux d’accès, prévoir des postes de secours et des hôpitaux, aménager des positions de batterie, des terrains d’aviation, des places d’armes, des postes d’observation. Britanniques, Allemands, Français constitueront ultérieurement une formidable concentration d’environ 1 million d’hommes et de 200 000 chevaux qui vivront dans un mouvement incessant de renforts et de relèves et dans le fracas des explosions.

La bataille commence le 24 juin par une préparation d’artillerie alliée qui, de jour comme de nuit, doit pulvériser les réseaux de barbelés et niveler les positions allemandes. Mais les mauvaises conditions météorologiques empêchent la destruction complète des ouvrages de surface et les réseaux souterrains sont intacts…

Il s'agit de l'une des batailles les plus meurtrières de l'histoire (hors victimes civiles), avec parmi les belligérants environ 1 060 000 victimes, dont environ 442 000 morts ou disparus. La première journée de cette bataille, le 1er juillet 1916, fut, pour l'armée britannique, une véritable catastrophe, avec 58 000 soldats mis hors de combat dont 19 240 morts. La bataille prit fin le 18 novembre 1916.

Le bilan fut, sur le plan militaire, peu convaincant. Les gains de territoires pour les Alliés furent très modestes, une douzaine de kilomètres vers l'est tout au plus, le front ne fut pas percé. Les combats usèrent les adversaires, sans vainqueurs ni vaincus.

 

Somme carte front 1916

Au cours des ces mois terribles 6 soldats de Séné ont perdu leur vie. La carte ci-dessus situent le lieu de leur mort. Qui étaient-ils et dans quelles circonstances sont-ils tombés au combat, tué à l'ennemi ?

Pour ne pas l'oublier, nou s commencerons ces récits par celui du soldat PLUNIANT, mort également dans la Somme, quelques mois avant la Grande Bataille.

PLUNIANT Jean Marie Désiré : 5/01/1873 - 13/03/1916

Patern  MORIO  :  07/04/1880 - 19/07/1916

Louis Marie BOCHE 13/04/1887 - 20/07/1916

Julien Marie GUILLERME  : 24/02/1884 - 5/09/1916

Henri Léon Marie LE FRANC : 22/04/1879 - 12/09/1916

Vincent Marie LE FRANC : 25/07/1884 - 3/10/1916

Jean Marie JACOB :  25/11/1876 - 14/10/1916

 

PLUNIANT Jean Marie Désiré : 5/01/1873 - 13/03/1916

Jean Marie PLUNIANT nait à Séné quartier de Saint-Laurent le 5/01/1873 au sein d'une famille de cultivateurs. On en retrouve pas la famille au dénombrement de 1906 ou 1911.  

PLUNIANT Extrait

C'est que les années sont passées depuis 1873 ! Ses parents sont sans doute cultivateurs non propriétaires et ont continué leur chemin qui les a conduit sur Vannes. La fiche de matricule a sans doute été ouverte pour la conscription de Jean Marie. Il déclare une profession de tyypographe. Belles études pour ce fils de cultivateurs ! Il déclare également une adresse à Vannes comme ses parents. Pour cette raison, son nom figurera au monument aux morts de Vannes et non pas à celui de Séné.

PLUNIANT typographe

A la mobilisation, il arrive au corps le 30/08/1914 et passe au 85°Régiment d'Infanterie Territoriale le 9 juin 1915; Il est affecté au 88°RIT le 23/12/1915 et change à nouveau de régiment pour le 288°RIT le 11/02/1916.

Sa fiche "Mémoire des Hommes" et fiche de matricule nous apprennent qu'il est "Tué à l’ennemi" le 13/03/1916 à Guerbigny dans la Somme.

L'historique de son régiment nous livre quelques précisions :

"1916 : Secteur d’Andéchy (janv.-juin). Warsy, Becquigny, Davenescourt, Hangest-en-Santerre : Transport de munitions, établissement de boyaux. Secteur d’Erches (juil.-août) : divers travaux pour l’artillerie.  C'est aussi au cours de cette période, le 11 février 1916, que le régiment prend la dénomination de « 288e régiment territorial d'infanterie », en exécution d'un ordre du général commandant en chef, en date du 26 janvier 1916, afin d'éviter les fréquentes erreurs produites par l'existence aux armées de deux régiments territoriaux portant le même numéro.

17 février. — Le régiment est relevé dans le secteur au nord de l'Avre par le 88e régiment territorial d'infanterie. Il fait mouvement pour se rendre au repos, par voie de terre, dans la région de Bonneuil-les-Eaux (Oise) ; n'y reste que quelques jours, ordre lui ayant été donné de venir réoccuper le secteur devant Andéchy.

3 mars. — Le régiment relève le 88e territorial : le 4e bataillon en 1re ligne, l'état-major du régiment et le 3e bataillon cantonnent à Guerbigny."

PLUNIANT Jean Marie décède ce 13 mars 1916, à l'âge de 43 ans et son corps sera enterré à la nécropole nationale de Lihons, tombe 1242 bis.

 PLUNIANT Lihons  PLUNIANT tombe

 

Patern  MORIO  :  07/04/1880 - 19/07/1916

Comme l'indique son extrait d'acte de naissance, Patern Marie MORIO naît de père inconnu à Séné le 7/04/1880. Sa mère, Jean Françoise LE DORIOL âgée de 23 ans est alors journalière à Kerdavid.

MORIO Patern Extrait

Elle se marie le 1/10/1882 avec Jean Marie MORIO et l'enfant est reconnu. La fiche de matricule de Patern MORIO nous donne les différentes localités du jeune homme. A environ 20 ans, il est valet de chambre à Vannes puis en 1904 il est domestique à Plescop; En 1907 à Saint-Avé, il est gardien de l'asile de Lesvellec, et enfin à Arradon, après son retour de conscription en 1914, son dernier domicile avant la guerre, il est jardinier.

MORIO localites

Après la mobilisation, Patern MORIO rejoint le 264° Régiment d'Infanterie. L'historique du 264° RI permet de localiser le lieux exact du décès de Patern MORIO.

"Après un bref séjour à Harbonnières et dans le ravin des Baraquettes, le régiment remonte en

ligne dans le secteur d'Estrées. Il y occupe le village, sauf un îlot de maisons non encore enlevé à

l'ennemi. Du 15 au 21 juillet, plusieurs assauts sont tentés en vain contre ce nid puissamment

organisé. Enfin, le 23, après une violente préparation d'artillerie, le bataillon VANNIER s'empare de

l'îlot, fait prisonniers les survivants d'un bataillon ennemi qui le défendait et capture une batterie."

Partern MORIO est donc blessé aux environ d'Estrées évacué sur la commune de Wiencourt l’Équipée où en prévision de l'offensive on a crée depuis le 8/5/1916, un HOE pour "Hôpital d'Origine d'Etape", un hopital d'évacuation (exemple ci-dessous) . On le soigne pour une plaie pénétrante par balle à la fesse droite. Il y décède le jour même à lâge de 36 ans.

Somme HOE hopital.jpg

MORIO Patern décès

Son corps repose à Marcelcave dans la nécropole nationale Les Buttes, Tombe 617.

MORIO Patern tombe  MORIO Patern marcelcave

Domicilié en dernier lieu à Arradon, son nom figure au monument aux morts de cette commune.

MORIO Arradon   MORIO Arradon nom

 

Louis Marie BOCHE 13/04/1887 - 20/07/1916

Louis Marie BOCHE nait au village d'Ozon à Séné au sein d'une famille de cultivateurs.

BOCHE Louis Extrait

Le dénombrement de 1906 nous montre une famille composée d'une fille et de 6 garçons établie alors à Bilherbon non loin d'Ozon. La famille nombreuse avec une seule fille emploie une domestique. 

BOCHE Louis Joseph 1906

On retrouve encore la famille MORIO au dénombrement de 1911. 3 garçons ont quitté le giron familial et désormais la famille emploie un domestique et un jeune berger.

BOCHE famille 1911

A l'âge d'accomplir sa conscription, Louis Marie BOCHE s'engage dans les marmées. Il ne sait pas qu'il sera soldat 8 ans durant jusqu'à sa mort à Estrées en 1916. En effet, il est "Engagé Volontaire" de 1908 à 1912. Pendant cette première période il se marie le 2/05/1911 à Vannes avec Marie Julienne Le Blévennec. Il remplie pour un an et encore 2 ans avant d'être mobilisé. Il est alors Sous-Lieutenant, le plus gradé des soldats nés à Séné. Il apprendra la mort de son frère Joseph décédé pendant la bataille de la Marne le 8/09/1914...

BOCHE guerre

Le site genweb ajoute que les deux corps furent rendus à la famille. Louis Marie MORIO, marié à une Vannetaise, a son dernier domicile connu à Vannes où son nom figure au monument aux morts de la ville, bien que ses parents résidaient encore à Séné.

 

Julien Marie GUILLERME  : 24/02/1884 - 5/09/1916

L'état cicil de la ville de Saint-Avé nous indique que Julien Marie Guillerme est né au sein d'une famille de cultivateurs. Il a une soeur jumelle et les deux enfants survivront.

Guillerme Julien Marie Extrait

On retrouve la famille Guillerme à Séné au dénombrement de 1911. Elle est constituée des 2 parents, de trois enfants, d'une nièce et d'une jeune bergère sous le même toit. 

GUILLERME 1911

A l'age de la conscription, Julien Marie est également cultivateur. Il est d'abord incorporé au 116°RI de Vannes et le 15/06/1916, il rejoint le 265° RI en prévision de l'offensive...

Il décède à Estrée le 5/09/1916 à l'âge de 32 ans. D'autres soldats d'autres unités témoignent de ces journées de septembre 1916 :

« Le 5 septembre il pleut, le terrain se transforme en cloaque, avec des pistes détrempées, des relèves difficiles pour des troupes fatiguées. Un brouillard épais recouvre le champ de bataille... Jean Marie Piegay, du 60e Régiment de Besançon, écrit le 8 septembre :  « J’ai été pendant trois jours à droite de Barleux. Nous avons attaqué tous les jours, pris des tranchées, les Boches contre-attaquaient et nous repoussaient. Je te dis que ça a été un massacre effroyable et le résultat néant. On était trempés jusqu’aux os ; dans les boyaux il y avait 80 centimètres de boue, de vase et on marchait dedans au risque d’être enlisés.
Nous étions carapacés de 15 à 25 kilos de boue. Jamais je n’en ai autant vu que cette fois, c’est horrible ce que j’ai souffert ».

Tranchée boueuse

GUILLERLE fiche

 

Henri Léon Marie LE FRANC : 22/04/1879 - 12/09/1916

Henri Le Franc nait à Moustérian au sein d'une famille de pêcheurs.

LE FRANC Henri Extrait

A l'âge de 13 ans il est mousse sur un canot de Vannes le Léonie Marie. Il est donc marin.

LE FRANC Henri Leon mousses

Sa fiche de matricule nous apprend qu'à l'age de 20 ans il est dispensé de la conscription au motif que son frère est "sous les drapeaux". Il se marie dans les années 1900 avec Mathilde Telleme née à Lorient et fonde une famille de 2 garçons comme l'indique le dénombrement de 1911. La famille vit de la pêche.

LE FRANC Henri Leon

Son dernier bateau est le Maïta qu'il abandonne le 21/01/1915 pour incorporer le 2°RIC au sein des armées de terre. Le 22/01/1915 il est affecté au 2° Régiment d'Infanterie Coloniale. Il est blessé le 25/09/1915 et suit une convalescence avant un rappel au front le 26/02/1916. Henri LE FRANC "fait preuve de courage et de sang-froid en allant sous un feu violent relever son camarade blessé".

LE FRANC HENRI citation deces

L'historique du 2° RIC permet de localiser ce régiment près de la tranché du Poivre au sud de Barleux.

"Le lendemain, 10 septembre, à 4 heures, l'ennemi déclenche un très violent tir de barrage et de contrebatterie,mais sans attaque d'infanterie. Nous avons quelques pertes, mais nous conservons entièrement le terrain enlevé d'assaut la veille. Cependant, au moyen d'une attaque brusquée par liquides enflammés sur la section de la compagnie LE BRIS occupant la tranchée du Poivre, l'ennemi parvient à nous ramener sur nos positions du 8. La section qui a courageusement résisté et prononcé même une contre-attaque est presque anéantie. Les première et deuxième lignes sont violemment bombardées. Les hommes qui combattent depuis cinq jours, toujours en éveil, sont très fatigués. Les communications téléphoniques sont difficiles, les lignes fréquemment coupées, ce qui oblige d'assurer la liaison des divers échelons par coureurs."

Il décède dans le secteur de Barleux le 12/09/1916 à l'âge de 37 ans. Son nom est gravé sur le monument aux morts de Séné.

Le Franc Henri tranche poivre

 

Vincent Marie LE FRANC : 25/07/1884 - 3/10/1916

Vincent Marie LE FRANC naît au village de Cadouarn en 1884 au sein d'une famille de pêcheurs.

LE FRANC Vincent Extrait

A l'âge de 14 ans il devient mousse sur le canot Marie Louise à Vannes jusqu'en 1904 et sa conscription.

Le FRANC Vincent Marie mousse

Au dénombrement de 1906 il n'habite plus le foyer familial où ne demeure que sa soeur.  En effet, comme l'indique sa fiche de matricule, il fait sa conscription de 3 ans de 07/1904 à 07/1907.

LE FRANC Vincent Marie 1906

Le dénombrement de 1911 nous indique qu'il est revenu vivre chez sa mère veuve, sa soeur s'étant marié.

LE FRANC Vincent Famille 1911

Son extrait d'acte de naissance nous donne la date de son mariage avec Marie Anne NOBLANC le 9/02/1912, confirmé par sonacte de mariage.

C'est ce jeune marié qui est mobilisé an août 1914. Comme beaucoup "d'Incrits Maritimes" il rejoint l'arméee de terre qui a besoin de soldats au front. D'abord affecté au 3°Régiment d'Infanterie Coloniale (RIC), il rejoint en septembre 1915 le 33°RIC. Son dernier bateau est le Jeanne Albert qu'il abandonne le 22/01/1915.

Le Franc Vincent Marie dernier bateau

L'historique de ce régiment disponible sur Gallica, nous indique qu'il prend part aux combats près de Belloy en Santerre :

"Du 27 septembre au 18 octobre 1916, le régiment prend en première ligne les tranchées de Belloy-en-Santerre et de Barleux. Dans cette région, le régiment tout entier fait montre de splendides qualités d’endurance et de valeur. L’artillerie allemande fait rage, l’ennemi se cramponne désespérément sur les lignes où il a été obligé de se retirer après sa défaite de juillet. Le tir d’artillerie lourde qui, sans arrêt, bat nos tranchées, oblige les hommes à un travail fort dur et héroïque. Il faut d’abord entretenir dans un sol mouvant et sous des pluies diluviennes un système de tranchées sans cesse bouleversé par les obus et les torpilles."

LE FRANC Vincent Guerre

Il est "tué à l'ennemi" le 3/10/1916 à l'âge de 32 ans.

Son corps a été transféré dans la nécropole de Lihons tombe 2105. La stèle funéraire est de rite israélite, sans doute une erreur à l'époque de son inhumation qu'il faudra vérifier en consultant les régistres de baptême.

 

LE FRANC VM tombe  LE FRANC VM LIHONS

 

Jean Marie JACOB :  25/11/1876 - 14/10/1916

Jean Marie JACOB naît dans une famille de pêcheur au village de Langle à Séné.

JACOB Jean Marie Extrait

Comme beaucoup de Sinagots il est séduit par la marine et devient mousse à l'âge de 14 ans comme l'indique sa fiche d'Inscrit Maritime.

Jacob Jean marie Marin

Il se marie au mois d'octobre 1901 à Séné avec Marie Josèphe MIRAM et fonde un foyer comme l'atteste le dénombrement de 1911. Trois enfants vivent avec leurs parents.

JACOB Jean Marie 1911

Avec la profession de pêcheur, Jean Marie Jacob est Inscrit Maritime. Cependant l'armée de terre à besoin de soldat et il est affecté au 2° régiment d'Infanterie Coloniale puisse au 52°RIC.

JACOB Jean Marie DECES

Il disparait le 14/10/1916 à Villers Carbonnel. Son décès sera officialisé par un jugement du tribunal de Vannes en 1922.

JACOB Jean Marie mort

L'historique du 52° RIC auquel le soldat Jacob appartient indique qu'il opérait sur cette ligne de front :

"Le 9 octobre 1916, le Lieutenant-colonel Petitdemange reçoit l’ordre général d’opérations de la

10e division d’infanterie coloniale. Le 52e régiment d’infanterie Coloniale, devait attaquer le 14

octobre dans la région d’Horgny, près de Belloy-en-Santerre."

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