Très peu de peintres se sont intéressés à Séné avant la démocratisation de la peinture.
Parmi ces artistes, on citera Jean FRELAUT ou André MERIEL-BUSSY. Le peintre Arthur MIDY s'est également attardé dans les années 1920 à Séné. En 1923, alors que Mériel-Bussy loge chez les Robino au bourg, Arthur MIDY vient également explorer les terres sinagotes et logea à la même enseigne.
Lors de cette halte à Séné, il a peint un pardon de femmes de Séné à la coiffe blanche, en procession sur le Pont Lisse, là où quelques mois avant ou après, passa l'enterrement d'un enfant cher à Mériel-Bussy. Cette huile sur toile est un rare témoignage de la ferveur chrétienne des Sinagotes. Ce tableau offre une vue du Pont Lisse autour de 1923-24. On y reconnait l'église Saint Patern, les anciens oiellets du marais de Languersac.
Ce tableau n'est pas sans rappeller le Pardon à Saint-Cado de Louis Marie DESIRE-LUCAS peint en 1909, là aussi sur une digue de pierre.(Huile sur toile 201,5 x 300cm - Musée des Beaux-Arts de Quimper).
Arthur MIDY nait le 18 mars 1877 à Saint-Quentin dans l'Aisne, au sein d'une famille modeste; son père est menuisier et sa mère est ménagère. Il est repéré alors qu'il n'a encore que treize ans. Sa ville natale lui attribue alors une première bourse d'études de 240 francs puis, trois ans plus tard, une seconde de 800 francs lui permettant de suivre, à Paris, les cours des Beaux-Arts, ce que confirme sa fiche de matricule.
Parallèlement, il s'inscrit à l'Académie Julian. Il n'a alors que 17 ans. Quatre ans plus tard, le jeune homme terminera 4°e sur 400 de la première épreuve éliminatoire du prix de Rome. Artiste précoce, mais aussi artiste extrêmement fécond, Arthur Midy peint sans relâche. En 1905, il a 28 ans, il découvre Le Faouët, certainement par l'entremise d'un autre peintre, le Britannique Claude Marks. La petite commune du centre-Bretagne est alors un point de chute incontournable pour de nombreux artistes français. Cette découverte pourrait aussi être appelée un coup de foudre. Arthur Midy est conquis, tout simplement. Il finira même par s'installer dans la commune, en achetant une maison dans la périphérie du bourg. Il installe son atelier dans le centre où il travaille d'après modèle ou à partir de croquis rapportés des environs.
Le 15/11/1906, il se marie à Paris V° avec Marie Berthe Clarisse BENOIT, artiste peintre comme lui.
Durant l'entre-deux-guerres, il étend son inspiration au Finistère et à tout l'Ouest du Morbihan. Son ami Henri Alphonse Barnoin le rejoint au Faouët.
Il participe aux expositions du Salon des Artistes Français de 1897 à 1928 et il reçoit en 1914 une médaille d'argent. Il y croise certainement son cadet Mériel-Bussy primé en 1923. Il voyage aussi dans le Nord de l'Italie.
En 1914, c’est lui et David-Nillet qui inaugureront le premier Musée du Faouët, qui à l’époque se résume à une salle de la Mairie.
Pendant la Grande Guerre, le peintre est mobilisé en tant qu'infirmier. En 1921, Arthur MIDY est nommé expert auprès de la commission de restitution des œuvres d’arts saisies en France par les Allemands. C’est comme cela qu’il rencontrera Émilie Maïer, qui deviendra sa deuxième femme en 1938.
En 1923, il vient à Séné et peint son Pardon qui sera exposé au Salon des Beaux-Arts de Lorient où le peintre exposera régulièrement. Durant toutes ses années, il passe progressivement de la peinture académique à la touche franche et frémissante, portant de plus en plus d’attention à la vibration de la lumière et aux couleurs. Il peint beaucoup sur le motif, sillonnant la campagne à bicyclette. Son œuvre est d’une grande richesse ethnographique. Il peindra un peu partout dans le Finistère et le Morbihan.
Il épouse en secondes noces le 25/11/1938 à Lorient Emilie Elise MAIER [26/2/1893 Manheim-8/3/1944], femme d'origine allemande. Le couple loue une maison au Faouët sur les arrières du bourg. Arthur Midy a son atelier au coin des rues de Quimper et du Carant du Four, face à l'école des Soeurs.
A quelques mois de la Libération, il est assassiné par des résistants en mars 1944 avec sa femme et un agriculteur Pierre CEO [à rechercher]. On reprochait au peintre, de s'afficher trop ouvertement avec des Allemands des troupes d'occupation.
« Quelques éléments du rapport des RG au lendemain de l'attentat :
– meilleurs relations entre les Midy et les Séau ;
– marché noir avec les troupes d'occupation pour Séau ;
– esprit collaborationniste et mauvaise considération pour les Midy;
– dénonciation pour tous. (...)
Très tôt, la maison Midy est apparue aux yeux de la population comme une maison particulièrement accueillante, non seulement aux officiers en garnison au Faouët, mais à ceux de tout le secteur. (...) les restrictions n'ont pas cours chez les Midy (...) Arthur Midy en rajoute en exposant dans son atelier un tableau représentant un officier allemand (...) ses affaires prospèrent depuis que les Allemands sont là (...) le « magot » qu'il a fait mettre en sécurité chez le greffier de paix de la localité paraît confirmer la soudaine prospérité de son commerce de toiles (...). Très tôt, ce couple apparaît aux Faouétais comme adepte convaincu de l'ordre nouveau. (..) par exemple le mot d'ordre de la BBC demandant aux Français de rester chez eux le jour de l'an 1941(...). Il n'y a qu'un homme à emprunter à cette heure-là les rues désertes du Faouët : Arthur Midy. (...) Le temps est venu où l'on ne plaisante pas avec ce genre de choses. Comme publiquement souhaiter la victoire de l'Allemagne et se vanter de mettre en prison qui il veut. Non significatifs pris isolément, ces gestes, ces paroles, ces actes font naître la certitude que ce couple est potentiellement un couple de collaborateurs. »
Plusieurs musées conservent de ses oeuvres:
• Musée des Beaux-Arts de Quimper :
-Le Vieux Buveur
-La Fontaine Sainte-Barbe au Faouët
• Musée du Faouët :
-Effet du soleil, un jour de foire [au Faouët] (vers 1913, huile sur toile)
-Vieux Breton place des halles Le Faouët
-Réparation du toit de la chapelle Saint-Fiacre
-Femmes au marché du Faouët