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vendredi, 10 avril 2015 16:31

Croix disparues

L'abbé LE ROCH se lamentait dans le bulletin paroissial de la disparition de croix qui étaient sur nos chemins depuis parfois des temps immémoriaux. Croix de Cantizac, Grande Croix, Croix d'Ozon, Croix Vaden, Croix de la Traie, Croix du Poulfanc. que sait-on d'elles?

La croix de Cantizac était située près du manoir éponyme et avait été figurée sur la cadastre de 1844. Datant de 1811, haute de 80 cm, elle a disparu en janvier 2001, en plein nuit. Emile Morin, en avait recuilli une photo en 2001.

Cantizac croix 1844

Croix Cantizac

La "Grande Croix" devait se trouver rue du Verger près de l'ancienne longère, dite Maison Rouge, aujourd'hui remplacée par des immeubles comme nous l'indique le cadastre de 1844.

La grande Croix

Si on en croit le cadastre de 1844, il y avait une croix sur un chemin d'Ozon vers le bourg, qu'on nommera Croix d'Ozon et une autre croix en bas du village de Kerleguen, dite "Croix Vaden".

1844 Ozon chemin

1844 Croix vaden Kerarden Kerleguen

L'abbé LE ROCH termine son recensement des croix de Séné par un message toujours actuel :"Pour terminer cette étude sur LES CROIX ET CALVAIREES DE SENE il faudrait ajouter qu'une 19ème croix existait, [que l'on pourrait nommer croix de la Traie],  il y a une dizaine d'années, en bordure de mer, entre les rochers à l'extréminité de la plage qui mène au Passage Saint-Armel à la ferme du Traie (Centre aérée de Montsarrac), pas loin du château de Bot Spernem. Elle a disparu sans que personne ne s'en aperçoive,...sans laisser de trace, sans témoin! Cette disparition devait être un avertissement pour tous. VEILLONS au maintien de ce beau patrimoine de nos croix! N'hésitons pas à prevenir qui de droit (ou la mairie, ou le presbytère) lorsqu'un préjudice est comis à leur égard. Ce serait une reconnaissance bien légétime vis-à-vis de nos ancêtres qui nous ont légué toutes ces CROIX SINAGOTES."

Joseph LE ROCH accorde une place importante à la croix qui existait à l'actuel croisement des rue du Verger et de la Route de Nantes. Il l'appellait "Croix du Poulfanc" quand le cadastre de 1844 la nomme "Croix de Gorez". Il s'appuie sur un texte de Louis Marsille, de la Société Polymathique du Morbihan de 1942, intitulé "LES CROIX DE VANNES et sa BANLIEUE".

1844 La grande Croix

Bulletin bandeau Haut

LES CALVAIRES DE SENE

Croix Poulfanc

3.LA CROIX DU POULFANC

"A une demi-lieue de Vannes, sur la route de Nantes, à l'intersection de cette route et d'un autre chemin venant de Vannes par la Garenne, au lieu-dit : "Le Poulfanc", dans une haie d'uabépine, est plantée une croix grossière de granit, Le piédestal manque, et aussi, semble-t-il, une partie du fût. Ce qui reste, en deux morceaux, mesure 2 m. de hauteur; la traverse à 0,70 m de largeur"
C'est en ces termes que M. Louis MARSILE décrivait la Croix du Poulfanc dans son intéressant article "Les Croix de vannes et de sa banlieue", paru dans le bulletin de la Société Polymathique du Morbihan, en l'année 1942.
Depuis cette croix du Poulfanc située à lintérsection des deux routes arrivant de Vannes et se rejoignant à angle aigu à cet endroit, enlevée par un collectionneur nantais. Il n'en restait après l'acte de vandalisme qu'un trou béant et un fragment de socle brisé. ..Aujourd'hui, l'emplacement est occupé par la route et le carrefour de la rue du Verger...Mais continuons la description de cette croix que nous a laissé Louis Marsile, et dont Ouest-France de l'époque nous a donné une photo.

 "Sur cette croix, mal équarrie est étendu un Christ aux contours usés et frustes. Le visage est défiguré par l'exploitation de la pierre et par le soutrages des hommes. La tête est une grosse boule, le visage est sans expression, les yeux sont représentés par des trous, le nez et la bouche par des traits informes. Les bras sont horizontaux, les pieds sont cloués séparément sur le fût comme sur les anciens crucifix, mais il ne faudrait pas invoquer ce détail, pas plus d'ailleurs que la grossièreté du travail, pour conclure à l'ancienneté du Christ du Poulfane. Un jupon plissé part de la ceinture et descend aux genoux. Le corps entier mesure 0,65 m. de hauteur et l'ouverture des bras a également 0,65 m.
Ce qui fait l'intérêt de la croix du Poulfanc, c'est l'ornement de son fût. Ce fût de 0,35 m. de largeur et de 0,25m. d'épaisseur a les angles abattus, mais présentant de distance en distance, et inégalement, des nodosités en relief, des bosses. Suivant une croyance populaire, ces nodosités indiquentc que la croix a été érigée durant une épidémie de peste bubonique pour obtenir la cessation du fléau. Les partisans de cette opinion font remarquer ici que la croix du Poulfanc est située entre la chapelle Saint-Laurent dont l'érection a pour origine la peste désignée sous le nom de "Mal des Ardents" et dont le titulaire est invoqué pour la guérison des boutons, clous ou furoncles (1), et un lieu-dit "La Maison Rouge" (2) sur le chemin de Vannes, par la Garenne, et où avait dû autrefois exister un asile de pestiférés.

(1)"Les plus clairs revenus de la chapelle, écrivait en 1890 le Dr Mauricet sont les paquets de clouts donnés sans comper pour se délivrer du mal de ce nom".

(2) Les murs extérieurs étaient, d'après la satyre Ménippée, peints en rouge avc flammnes afin de signaler aux passants un local contaminé.

Je ne crois pas à cette explication. Que l'on ait érigé au cours de nombreuses épidémies qui ont, au Moyen-âge et à l'époque moderne, dévasté tant de pays, dont le nôtre, des monuments dans le but de "toucher le ciel" et d'obtenir la cessation du fléau, cela est vrai. Mais, au cours de ma longue enquête sur les Croix, j'ai trouvé des "croix de peste" dont les fûts étaient parfaitement lisses, comme d'autres, dont le fût était écoté et noueux, avaient été dressés hors le temps "de la contagion".
Il faudrait d'ailleurs admettre que nos pères n'aient connu qu'une seule maladie épidémique la peste bubonique. La vérité est que ce nom de "peste" qui a de nos jours un sens précis et désigne la peste bubonique ou la peste pulmonaire, était autrefois employé pour toutes les grandes maladies épidémiques de nature inconnue. Ecots et nodosités sont de simples motifs d'ornementation, une interprétation du mot "arbor" "arbor decora et fulgida" .. La Croix du Poulfane n'est pas antéri>2üre au XVIIème Siècle."

Contrairement à ce qu'écrit Louis Marsille, nous pensons que cette croix vénérée des Vannetais rappelait une épidémie de peste particulièrement violente .. Elle devait être contemporaine de la construction de la chapelle  de Saint-Laurent "dont les plus clairs revenus, écrivait en 1890 le Docteur Mauricet sont les paquets de clous donnés sans compter pour se libérer des abcès, clous et phlegmons"clous et phlegmons". Le pardon du mois d'août était très fréquenté par toute la région vannetaise.
Quant à l'établissement de pestiférés situé au lieu dit "La Maison Rouge", les murs extérieurs étaient, d'après la satyre Ménippée, peints en rouge avec flammes afin de signaler aux passants un local contaminé.
Tous ces détails concordent bien avec le culte du martyr Saint Laurent brûlé vif sur un gril incandescent, et donne raison à la tradition populaire : "il n'y a guère,  en ce domaine des traditions bretonnes, de fumée sans feu".

Bulletin bandeau Bas

 Ajout de wiki-sene :

Petition Breiz santel

Le vol de la Croix du Goret ou Croix du Poulfanc eut à l'époque, automne 1956, un retentissement régional. La revue Breiz Santel, alertée de cette disparition se mobilisa pour sa restitution...La revue lança même une pétition:

La croix du Poulfanc en Séné, dont le journal « Ouest-France" a bien voulu nous offrir un cliché pour la couverture de Breiz Santél, continue à nous valoir un important courrier. Un millier de signatures sont déjà revenues pour notre pétition. Et tant de preuves d'intérêt de la part des lecteurs de Breiz Santél nous touchent profondément. Nous avons maintenant le ferme espoir, grâce à tous les appuis qui s'offrent et vont encore s'offrir chaque jour, d'obtenir gain de cause.Rappelons que la pétition, qui a été encartée dans le dernier N° de Breiz Santél, et l'a été ou le sera dans différentes revues Bretonnes (qui nous en ont commandé jusqu'ici environ 3.000 exemplaires), demande : 1° La restitution de la croix du Poulfanc. 2° Le dépôt d'un projet de loi interdisant le déplacement des monuments artistiques ou religieux de plus de 200 ans d'âge sans l'accord d'une commission officielle."

Cette croix suscita l'intérêt d'un "acquéreur' anonyme sans doute à la suite d'un article paru dans Paris-Match [à retrouver] courant 1956 et qui en fit une description élogieuse. Un négociant en oeuvres d'art sacré, ou un brocanteur peu scrupuleux, vint avec quelques comparses arracher la croix à Séné. Originaire de Nantes, il fut identifié par la revue Breiz Santel à laquelle il avait écrit pour défendre son bon droit...

Malgré la pétition, et quelques articles dans la presse locale...la croix ne fut jamais restituée.