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Vincent CONAN [7/6/1838-7/4/1865] nait à Séné au village du Versa. Son père Yves CONAN [8/8/1807-12/9/1880 St-Avé] est natif de Saint-Avé. Son père se marie le 19/7/1830 à Séné avec Jeanne Louise LE DOUARIN [15/2/1810 Séné-13/2/1875 St-Avé], et déclare la profession de laboureur et vivre à Saint-Patern à Vannes. Sa mère quant à elle, est native de Cressignan en Séné au sein d'une famille de laboureurs.

Le lieu de naissance des 10 enfants de la famille Conan, permet de suivre son lieu de vie et de travail. Les deux premiers enfants naissent à Vannes. Marc CONAN [17/12/1835-25/8/1859] nait au Versa et mourra de fièvre typhoïde lors de la Campagne d'Italie des Armées de Napoléon III comme l'autre soldat sinagot Allano. Puis viennent Vincent, Jeanne Marie [4/9/1840-1840], Marie Louise [2/12/1841-1842] et encore Jeanne Marie [20/12/1842-??]. La famille est pointée au dénombrement de 1841 au Versa.

1841 CONAN famille Versa

Ensuite la famille gagne Saint-Avé où naissent Jean Marie [11/1/1846-29/9/1904 qui sera carrier; Jean François [4/8/1848-19/7/1870 qui sera laboureur et Marie Anne [7/2/1851-??].  On note au passage la forte mortalité infantile qui affecte les enfants de la famille Conan.

1864 CONAN condamnation 0

Vincent CONAN écope de sa première condanation à l'âge de 16 ans, le 22/5/1854. Il fait 10 jours de prison pour escroquerie. Lors de son procès en 1864, la profession de Vincent CONAN est ouvrier cordonnier et il demeure à Questembert. Il fait la connaissance de Marie Françoise FALHER, jeune prostituée de 23 ans à Vannes. Celle-ci approche un dénommé Guillaume MORICE, porteur d'eau de son état.

1864 MORICE Guillaume assasinat

Guillaume Joachim MORICE [26/7/1822-17-18/5/1864] est natif de Séné. Sa mère Marie ROPERT [30/5/1795 Séné Versa - 24/2/1835 Vannes] a épousé à Vannes Louis MORICE [23/9/1793-2/2/1869 Vannes]. Lorsqu'il se marie à Saint Jean Brevelay le 21/11/1845, il déclare la profession de cultivateur comme son épouse, Perrine LE BRIERE [7/6/1822-??].

Selon les articles de presse d'époque, au moment des faits, il est porteur d'eau à Vannes et selon son acte de décès, sa femme est blanchisseuse. Dans la nuit du 17 au 18 mai 1864, il est détroussé et tué à l'arme blancheaux abords de la nouvelle rue Billault à Vannes. 

1864 05 Morice assassinat1864 Conan Falher

1864 09 Assises Conan

Vincent CONAN sera condamné le 10/9/1864 aux travaux forcés à perpétuité.(documents ANOM)

1864 CONAN condamnation 1

Il arrive au bagne de Toulon le 6/10/1864. Il est détaché des chaînes le 21/11/1864 et embarque sur le Céres pour la Guyane où il sera emprisonné sur l'ïle au Salut.

CERES navire bagnards

Il décède environ 4 mois après son arrivée le 7 avril 1865. 

1865 CONAN mort Ile du salut

Conan Bagne Hopital

Bagnes Iles Salut 1

Bagne corvee de forcats a l ile saint jo

 

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3.- DU MOYEN-ÂGE A LA REVOLUTION

Le Sinagot vu par "le petit bout de la lorgnette": une anecdote en date de 1729, qui montre que, pour sa survie et celle de sa famille, le Sinagot sait "tirer des bords" face à la "LOI"...Ci-dessous le texte "en clair" que vous aimerez auparavant essayer de déchiffrer dans les pages qui suivent. MERCI à M. Bertrand, de l'Inscription Maritime qui nous les a communiquées.

22 Septembre 1729- Interrogatoire du Particulier Cy-après fais par Nous Noël Bourgeois Escuyer, Sieur de Limur, Conseiller du Roy, et Lieutenant Général del'Amirautée de l'Esveschée de Vannes ayant avec nous pour greffier Vincent Gavelo Le Thieis duquel le Serment pris il a promis et juré la main levée de se comporter fidellement ayant aussi pour Interprette de la langue bretonne à la française Pierre Auffrédo duquel pareillement le Serment pris il a promis et juré la main levée de se comporter fidellement auquel interrogatoire avons vacque à Requeste du Substitut du procureur du Roy comme suit à Lisledarts. Ce jour Vingt deux Septembre mil sept cent vingt neuff..?.. Conduit devant nous par nos huissiers, un particulier duquel le serment pris, il a promis et juré la main levée de dire vérté.

Interrogé de Son nom, qualitée et demeure. Répond par l'interprette s'appeler Le Ridant et Reffusant de nous dire son nom de Baptêsme, calfat de profession, âgé de (45) quarante cinq ans, demeurant au village du Mousterian en Sene.

Interrogé d'ou vient. Il fuyait devant nous ce jour dans la chaloupe et d'ou vient il a reffusé aussi bien que son Equipage se voyant arresté de nous dire son nom de Baptêsme, Répond qu'il allait son chemin et que s'il n'a pas voulu dire son nom c'est qu'il pensait pas et qu'il ne se souvient pas de son nom de Baptêsme.

Interrogé d'au vient naviguant en qualitè de pescheur qu'il se dispense de prendre de passeport d'un an de Monseigneur l'Amiral et depuis quand Il n'en a pris. Répond qu'il n'a point pris de passeport depuis que le dernier est finy et qu'il ne se souvient depuis quand le dernier est finy.

Interrogé s'il ignore les déffenses de pescher avec la drague si ce n'est en dehorsde la Rivière et du moins à une lieue long des Costes et d 'ou vient il pratique cette sorte de pesche ainsi que la plupart des pescheurs de Séné de jour et encore plus de nuit en dedans de la Rivière et tout près des Costes. Répond qu'il a ouy dire qu'il y a des déffenses et que s'il pesche de cette façon, c'est pour avoir du pain.

Interrogé d'ou vient il ne sort pas hors, de la Rivière pour pescher du moins une li lieue de la Coste; Répond qu'il ne savait pas qu'il fallait sortir hors de la Rivière.

Interrogé d'ou vient, il se sert de battons ferrés en forme de trident pour battre l'eau et prendre du poisson, ce qui est deffendu par les ordonnances.

1729 Ridant signatures

Répond qu'il ne croyait pas que cela fut deffend son interrogatoire duquel lecture luy faitte, il a dit qu'il convient vérité, y persister et a enfin déclaré s'appeller Julien Le Ridant et a déclaré ne savoir signer et a l'interprette signé.

 Bourgeois - Auffredo Gavelo Le Thieis - Pr le greffier

N.D.L.R : "NIHIL NOVI SUB SOLE"

1683 le ridant Julien

Sur la base des déclaration du pêcheur en fraude, Julien LE RIDANT, âgé de 45 ans, on retrouve sur les registres de bâpteme son identité. Il s'agit de Julien LE RIDANT, né le 26 juillet de l'an de grâce 1683, au village de Montsarrac, fils du poisonnier, Yves et de Marguerite LE FRANC.

Ci-après copie du procès verbal d'époque, 1ère page sur 3.

1729 Ridant 2

 

Le plus halletant pour un historien local, même amateur, est de flairer une piste, de dénicher une anecdote et mettre à jour un fait inconnu.

1876 LE DIGABEL séné mort

1875 LE DIGABEL Fontevraud

Ainsi, en étudiant l'histoire des boulangers de Séné, un acte de décès attire l'attention. Jean LE DIGABEL, natif de Séné est décédé à Fontevraud le 23/8/1875. Cet acte, retranscrit à Séné reprend les informations de celui établi dans la cité angevine célèbre pour son abbaye. Mais qu'est allé faire Jean LE DIGABEL [14/1/1813 - 23/8/1875], boulanger de son métier au bourg de Séné, âgé de 62 ans, si loin de son village natal !

De plus, il semble avoir oublié sa profession, puisqu'il est déclaré journalier. Est-il allé travaillé à Fontevraud? Est-il décédé au cour d'un voyage? L'abbaye de Fontevraud a été restaurée à la fin du XIX° siècle, a-t-elle eu besoin de beaucoup de main d'oeuvre jusqu'à recruter en Bretagne? Mais Jean LE DIGABEL n'est ni tailleur de pierre ni maçon et son âge ne colle pas à cette hypothèse! Cette abbaye ne fut-elle pas avant une prison? LE DIGABEL aurait-il été interné à la prison de Fontevraud?

Quelques échanges d'emails avec les Archvies du Maine et Loire et le responsable du secteur "Archives modernes" transmet de précieuses informations que l'on peut étayer par d'autres documents.

"Monsieur,

Comme suite à votre demande d’information concernant Jean Le Digabel décédé à Fontevrault le 23 août 1875, Voici les éléments principaux relevés dans le dossier

-       Jean Le Digabel né à Séné le 13 janvier 1813, (son père Sylvestre est boulanger, lire article sur les boulangers)

-       Profession : journalier et lors de son entrée à la prison « se dit boulanger »

-       Marié, 6 enfants, sait lire et écrire;

Au dénombrement de 1841, la famille Le Digabel apparait bien dans les registres.

1841 Le Digabel Jean Boulanger

Le site Geneanet nous donne la composition de sa famille. Il aura eu 8 enfants et "seul"  2 ou 3 moururent en bas âge.

1875 LE DIGABEL genea

-       Condamné à 5 ans de prison par la cour d’assises du Morbihan le 6 décembre 1870 pour homicide volontaire

-       Pas de condamnation antérieure

-       Entré à la Maison centrale de Fontevrault le 23 décembre 1870, libérable le 6 décembre 1875.

-       N° écrou : 36771, plaque n° 428

-       Entré à l’infirmerie le 15 février 1875 et décédé le 23 août 1875 à 8 H 20 du soir.

-       Pendant son incarcération, fin juin-début juillet 1875, il a donné son consentement au mariage d’une de ses filles [Marie Louise Le Digabel] à un marin dénommé Leray qui a embarqué aussitôt après le mariage.[Il s'agit de Pierre LERAY marié le 7/7/1875]

-       Par un courrier daté du 17 décembre 1875, une de ses filles Mme Robineau boulangère à Montsarac, [Il s'agit de Mathurine Le Digabel épouse Jean-Auguste ROBINO] commune de Séné demande des nouvelles de son père qui aurait dû rentrer à son domicile une fois la peine expirée.[On ne va pas accueillir son père à la fin de sa détention. Décédé le 23 août, l'administration pénitencière n'a semble-t-il pas averti la famille du décès.]"

Ainsi, la piste du criminel était la bonne. Jean LE DIGABEL a commis un homicide volontaire et a été incarcéré à la prison de Fontevrault. On comprend qu'à quelques semaines de sa libération, après presque 5 ans de réclusion, il tombe malade et décède à l'hôpital du centre pénitenciaire. On s'étonne d'une peine "que de 5 ans" qui doit être mis en relation avec les circonstances de l'homicide.

Comment un honnête boulanger de Séné a-t-il tué quelqu'un en automne 1870? Qui était la victime?

On ne le dira jamais assez, les départements de France et de Navarre mettent de plus en plus en ligne leur archives et les côtes de nombreux dossiers archivés.

Quelques clics sur le site des archives du Morbihan et on trouve le dossier de Jean LE DIGABEL natif de Séné sous la côte 2U2-540 (au passage on tombe sur d'autres procès relatifs à des Sinagots, de nouveaux articles en perspective!). A la faveur d'une RTT, on file rue des Vénètes à Vannes consulter le dossier du procès en assises.

L'acte d'accusation retrace les circonstances de cet homicide :

Le 30 septembre 1870,

[nous sommes un vendredi, depuis le 4 septembre 1870, la III° Répûblique a été proclamée à Paris occupée par les Armées prussiennes. Le 1 septembre, l'Empereur est défait à Sedan. La France vaincue par les Etats allemands, qui instaure le Reich le 18 janvier à Versailles. La France signera un Armistice le 28 janvier 1871 mettant fin à cette guerre déclarée par Napoléon III, le 19 juillet 1870. Elle paiera rubis sur l'ongle de très fortes indemmnités de guerre.]

vers sept heures du soir, Le Digabel et Sylvestre Chelet , paludier, âgé de vingt sept ans, demeurant au bourg de Séné, se trouvaient ensemble dans le cabaret de Vincent Patern Simon.

[On retrouve la famille Chelet au dénombrement de 1841 et on note que celle-ci vit juste à côté du "débit de boisson" tenu par M & Mme Simon. Plus tard, Vincent Patern SIMON, leur fils, reprendra le "débit de boissons" après son mariage avec Julienne GUELZEC. Le "Sylvestre Chelet frère du précédent" se mariera et aura un fils, Sylvestre CHELET [15/8/1843-30/9/1870], notre victime.

1841 CHELET famille

1841 SIMON Débit de boisson

Ce dernier [Sylvestre CHELET, âgé de 27 ans] qui était un peu pris de boissons, dit en plaisantant à son camarade : "tu es trop vieux, tu n'es plus bon à rien; si les Prussiens venaient ici, ils te tueraient tout de suite" en même temps, il faisait avec le pied tomber le chapeau de Le Digabel.

Toutefois, cette première querelle n'eut pas de suites car à quelques instants de là le Sieur Landais trouvait Chelet et Le Digabel dans des termes de la meilleure amitié. Chelet bientôt après, se prît en dispute avec le cabaretier Simon qu'il atteignit d'un coup de pied à la cuisse et qu'il renversa sur le dos. Au bruit de cette scène, Le Digabel qui était sorti, rentra et reprocha à son compagnon de ne s'attaquer qu'à des vieillards. L'un et l'autre se colletèrent alors mais la femme Vincent mit fin à la querelle en ordonant à l'inculpé de quitter le cabaret.

Celui-ci sortit aussitôt et alla se poster à quelques pas de la maison située en face de l'auberge. Deux ou trois minutes après, Chelet paraissait : "sors donc dehors" B...lui cria Le Digabel. "Viens donc boire une chopine" lui répondit Chelet en s'avançant vers lui; il lui posa familièrement la main sous l'épaule. A cet instant même, Le Digabel, sans répliquer un mot, saisit à la gorge son adversaire et lui porta deux coups de couteau. Chelet ne poussa pas de cri. Il fit en trébuchant quelques pas et alla tomber à une quinzaine de mètres de l'endroit où il avait été frappé. Un quart d'heure après, il était mort.

L'examen du cadavre effectué le lendemain chez la victime révelèra deux blessures à la poitrine et à l'abdomen portées "par un couteau à la mae acérée".

Le 1er coup de couteau "a été donné avec une telle violence que le couteau a nécéssairmeent traversé la peua, les muscles, coupé le carticlage intercostal de la 6ème côte et traversé le péricarde et perforé le vendticule droit du coeur". Le seonde blessure est une plaie pénétrante dans l'abdomen. L'ouverture extérieure de 2 1/2 cm de long est à peu près verticale et étalé sur 4 cm le long de l'ombilic. ...Cette blessure interesse la peau, les muscles de l'abdomen et de l'estomac dont la face extérieure est perforé."

 

1870 1110 Grefe eTribunal République

Malgré la guerre et le changement de régime politique en France, la continuité de l'Etat est assurée et justice rendue.  L'instruction du procès a lieu avec l'aide d'un interprète pour assister les témoins qui parlent breton. Maître Caradec est l'avocat commis d'office pour défendre Jean LE DIGABEL. Le 10 novembre 1870, Jean LE DIGABEL est mis en accusation. Il reconnaitra son homicide.

1870 Le Digabel plaide coupable

1870 1206 Le Digabel 5ans

1870 décembre homicide

Jean LE DIGABEL fut condamné à 5 ans de prison le 6 décembre par les Assises du Morbihan et interné à la prison de Fontevrault le 23 décembre 1870.  Il décèdera de maladie le 23 août 1875.

Fontebvrault prison 1