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samedi, 20 mai 2017 17:39

LE DORIOL et la catastrophe du IENA 1907

LE DORIOL tombe  LE DORIOL titre

Cette plaque mortuaire est visible sur une tombe de notre cimetière. On y lit :

Jean Marie DORIOL

Second maître - 41 ans - Mort à la catastrophe du Iéna - Toulon 12 mars 1907 - In pace

Qui était le marin Jean Marie DORIOL et dans quelles circonstances a-t-il péri lors de cette catastrophe ?

Une recherche dans les registres de l'état civil à la mairie de Séné nous permet de préciser l'identité du marin.

Il s'agit de Jean Marie LE DORIOL né le 8 avril 1865 dans une famille de pêcheurs de Kerdavid. Il perdra ses parents Julien LE DORIOL le 3/03/1871 et Marie Anne LE FLOCH le 1/10/1878. Après la mort de sa mère, il choisit de devenir mousse, comme nous l'indique sa fiche d'inscrit maritime.

LE DORIOL Iena mousse

De 1886 à 1893, il navigue sur différents bateaux "civils"  avant de rejoindre la "Royale" en janvier 1893.

LE DORIOL JM extrait.jpg

LE DORIOL décès

Pendant cette période de marin "civil", Jean Marie LE DORIOL s'est marié le 25 juillet 1891 avec Jeanne Marie LE ROUX native de Cariel le 24/07/1867.

LE DORIOL noces

Jeanne est l'aînée des enfants issus de l'union de Julien LEROUX avec Jeanne Françoise LE FRANC. Cette dernière décède en 1877. Julien LEROUX se remarie avec Marguerite GAYET. De ce second mariage naitront les frères LE ROUX, morts pour la France pendant la 1ère Guerre Mondiale. Mme Jeanne Leroux mariée Le Doriol perdra en ce début de XX°s son époux en 1907 et ses frères, Jean Marie Leroux de maladie le 25/04/1918 et Joseph Marie le 22/08/1920 de tuberculose.

Les archives départementales du Morbihan nous donnent la fiche de matricule de Jean Marie LE DORIOL et on apprend que depuis 1881, à l'âge de 16 ans, il est engagé dans la marine.

LE DORIOL Iena Engagé

Le SHD de Lorient nous livre sa fiche d'inscrit maritime. On y apprend que le 12 décembre 1905 il embarque sur le cuirassier le IENA. La fiche comprend la mention de son décès le 12 mars 1907 lors que la catastrophe du IENA.

LE DORIOL dernier bato

LE DORIOL Iena marin canon

L'annonce de sa mort parmi les victimes de la catastrophe du IENA suscita un gros émoi à Vannes où il résidait avec sa femme rue du Four près de l'église Saint-Patern.

Ces obsèques furent un moment de recueillement pour toute la population de Vannes et de Séné.

La famille était dans l'attente de la restitution de la dépouille. Le cercueil "bardé de fer" arriva dans un wagon des chemins de fer le vendredi 22 mars 1907 en gare de Vannes.

Il fut amené par un corbillard jusqu'à l'église de Séné bondée de personnalités et habitants, comme le rapporte cet article de presse d'époque. Il fut inhumé au cimetière de Séné. Il laissait une veuve, et deux filletes, Marguerite née le 9/11/1898 et Marie Eugénie née le 12/04/1898.

Pour l'anecdote, le maire de Séné Louis Joseph LAURENT vient de décéder le 1 mars 1907. Le prochain, Joseph LE MOUELLIC ne sera élu que lors du scrutin partiel du 14 avril 1907. C'est sans doute Patern SIMON, premier adjoint qui représente la ville de Séné lors de ces cérémonies.

 

LE DORIOL enterrement IENA

source wikipedia :

L’Iéna est un cuirassé d’escadre pré-dreadnought de 12 750 tonnes. Lancé en septembre 1898, l’Iéna était, en 1907, une des unités les plus récentes de la flotte française ; il portait le nom d’une des plus grandes victoires de Napoléon dont on venait juste de fêter le centenaire en grande pompe, la bataille d'Iéna. Le Suffren, lancé le 25 juillet 1899, sera un modèle dérivé de l’Iéna.

LE DORIOL IENA

Mardi 12 mars 1907, l’Iéna était entré depuis quelques jours dans un des bassins de carénage de Missiessy - dans le port militaire de Toulon - pour une visite de sa coque. Les travaux étaient presque achevés, tout était normal ; vers une heure passée de l’après-midi, les hommes d’équipage regagnèrent leur poste, les ouvriers de l’arsenal n'étaient pas encore revenus à bord. Une première explosion se produisit. Une grande flamme jaillit d'une cheminée et du monte-charge de la soute tribord. L’incendie gagna rapidement les autres soutes et les torpilles, les explosions se succédèrent.

Les toitures de trois ateliers furent soufflées. Le Suffren, qui se trouvait dans un bassin proche, se coucha presque complètement sur tribord. Des éclats furent projetés à des centaines de mètres, blessant des passants et tuant même un enfant dans les bras de sa nourrice. Les dégâts furent considérables. Des débris humains furent dispersés dans un rayon de 200 mètres.

Sur un équipage de 630 hommes, officiers compris, le bilan officiel fut de 37 blessés, dont l’amiral Henri-Louis Manceron légèrement blessé, et de 118 morts, dont sept officiers parmi lesquels le capitaine de vaisseau Adigard qui commandait le navire et le marin sinagot Jean Marie LE DORIOL.

La presse du Morbihan a relayé l'information comme en témoigne cet extrait d'article :

LE DORIOL Iena presse.jpg

LE DORIOL IENA explose   LE DORIOL IENA coule

 

LE DORIOL iéna survivant

Le jour même, le ministre de la Marine, Gaston Thomson, partit pour Toulon où il arriva le lendemain. Dans un contexte international toujours tendu au lendemain de la crise de Tanger l’émotion fut vive. Les messages de sympathie affluèrent du monde entier. Le roi Édouard VII d’Angleterre et l’infant d’Espagne se rendirent sur les lieux et visitèrent l’épave.

Les obsèques nationales eurent lieu le samedi 23 mars sur la place d’Armes à Toulon en présence du Président Armand Fallières, des différentes personnalités dont Mgr Guillibert évêque de Fréjus et des corps constitués. Les cercueils des victimes étaient portés par des prolonges d’artillerie et le long cortège funèbre défila devant les survivants réunis.

Une enquête parlementaire sur l’origine de la catastrophe fut immédiatement ouverte. Le gouvernement Clemenceau constitua une commission mixte, la Commission scientifique d'étude des poudres de guerre créée le 6 avril suivant par décret du président Fallières. L’enquête mit en cause la poudre B. En vieillissant, la poudre B se décomposait, devenait instable et s’auto-enflammait. C’est ainsi que débuta la fameuse « affaire des poudres », qui opposa violemment Léopold Maissin, alors directeur de la poudrerie du Moulin blanc au Relecq-Kerhuon près de Brest et Albert Louppe, alors directeur de la poudrerie de Pont-de-Buis qui se rejetèrent réciproquement les responsabilités. Cette polémique dura jusqu’en 1914, ravivée en novembre 1911 par l’explosion du cuirassé Liberté.

En 1908-1909, l’Iéna fut amarré en baie d'Alycastre à Porquerolles pour servir de cible de tir pour la Marine. Il servit en particulier à la mise au point des obus perforants, devant exploser seulement après avoir traversé le blindage de la cible.

Une plaque à Toulon rappelle cette tragique exploision.

LE DORIOL IENA toulon plaque

La polémique sur "l'affaire des poudres" trouvera un rebondissement en ...2017.

Jean Yves LE DRIAN Minsitre de la Défense prend conscience que les arméees françaises utilisent des munitions produites à l'étranger et décide de relancer la production nationale et bretonne de poudre plus d'un siècle après l'explosion du IENA.

LE DORIOL poudre Le Drian 2017