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mercredi, 11 octobre 2017 21:22

La version de MATEL Robert 2/4

Deux Sinagots échappent à leur exécution, 1944 2/3

Dans le cadre de l'instruction à l'encontre de Léontine LE LYONDRE épouse LAFOURNIERE, pour les faits de "Dénonciation de Patriotes à l'ennenmi", Robert MATEL fut entendu par le juge LE STRAT, en tant que témoin, le 7 décembre 1944. Tel fut sa déposition qui faisait suite au procès verbal du 10/9/1944 devant la gendarmerie.

LE TEMOIN:

Robert MATEL [24/4/1918 Lorient- 17/11/1971 La Rochelle] devient orphelin à la suite du décès de son père Julien Marie MATEL [15/8/1894 Pluvigner - 5/12/1918 Lorient]. Son père, blessé pendant la guerre a été réformé courant 1917. De retour dans ses foyers, âgé de 26 ans il se marie [date?] avec Marie Louise COUGOULAT qui lors de la naissance de son fils, déclare ne pas savoir signer. A sa mort, son père n'est pas déclaré "Mort pour la France".

Sa mère, Marie Louise COUGOULAT [trouver ses dates] se retrouve veuve avec un enfant à charge. Après l'Armistice, la vie doit être très difficile pour cette jeune mère, sans doute sans réel métier [elle ne sait pas signer]. La famille ne semble pas pour autant avoir "fait parler d'elle" avant le début de la guerre 39-45. Ainsi, plusieurs articles de presse révèlent des condamnations pour vol de Mme COUGOULAT, veuve MATEL.
1939 40 Cougoulat vol

Cette coupure de presse relate en janvier 1941, un vol de bouteille d'alcool par un certain Robert MATEL à Carnac. Mme Cougoulat habitait autour de Ploemel et Etel. La localisation et la rareté du nom Robert MATEL plaident pour lui attribuer ce délit.

1941 MATEL Robert alcool

A la veille du conflit, Robert MATEL est âgé de 26 ans, célibataire, et déclare travailler  comme employé de chemin de fer à Landaul-Mendon. Comme beaucoup de Français de sa génération, il déclare avoir rejoint le maquis à l'été 1944 et appartenir au 1er Bataillon de Guer en tant que caporal. L'association des anciens résitants du Pays de Guer ne répertorie aucun résisitant au nom de Matel, mais tous n'ont pas fait reconnaitre leur actes dans la résisitance. Par ailleurs, comme il travaille sur le secteur de Landaul, on s'attend plutôt le voir au sein d'un bataillon de cette zone et non sur Guer, à l'opposé du Département. Sa participation à la résisitance reste à étayer. Ses soucis judiciaires en juin 1944 viennent discréditer son engagement dans la résistance.

En effet, à la veille de la Libération de Vannes, Robert MATEL, vient d'être condamné par le Tribunal Correctionnele de Nantes pour le vol de vélos. Que fait-il à Vannes en juillet 1944, loin de son lieu de travail? Ne devrait-il pas être en prison? Est-il en fuite?1944 06 Matel velo vol

Lors du procès, en mars 1945, il est détenu en vertu de ce jugement du Tribunal de Nantes qui le condamnait à 13 mois de prison pour avoir acheté 900 Fr un vélo volé. La peine parait aujourd'hui sévère, mais à la Libération, la pénurie de tout donne beaucoup de vlaeur au moyen de locomation qu'est le vélo. Il s'évadera de la prison mais sera repris comme le précisent ces coupures de presse de décembre 1946.

1946 12 Matel evasion

1946 12 Matel arrête

Après le procès et sa libération de prison, on perd sa trace. Son acte de naissance permet de retrouver son lieu et date de décès à La Rochelle en 1971.

SON TEMOIGNAGE:

"Je me nomme MATEL Robert, 26 ans, employé de chemin de fer, demeurant à Landaul-Mendon. Je confirme mes déclarations précédentes faites au cours des enquêtes officieuses.

1-Le dimanche 30 juillet 1944, vers midi, je me suis rendu chez dame LAFOURNIERE, tenancière du Café de la Belote, rue de Strasbourg à Vannes, pour avoir une explication avec elle et avec sa bonne. Jean LEGO m’avait dit la veille que la dame LAFOURNIERE avait vendu des patriotes.

Jean LEGO, 38 ans, est employé du Comité de Répartition des Boissons. Nous sommes en tant de geurre et de rationnement. Au sein de cet organisme il cotoie l'ensemble des débits de boissons de Vannes. Il témoignera lors du procès de Léontine LE YONDRE, épouse LAFOURNIERE. On y apprendra que sur ces indications, Robert MATEL se rend au café de 'La Belote" car selon LEGO, un cheminot lui a dit qu'on y dénonaçait les patriotes.

Je n’avais pas l’intention de l’abattre à cet endroit, chez elle, tout auprès de la gare et da la caserne allemande ; il y avait d’ailleurs un train d’Allemands en stationnement à la gare. Je voulais seulement emmener la dame LAFOURNIERE pour qu’elle soit interrogée par le Lieutenant ?

J’ai donc pris un vin blanc et j’ai laissé la dame LAFOURNIERE et sa bonne manger leur déjeuner puis j’ai demandé à la débitante de me suivre.

Simone PASCO: il s'agit de la bonne, employée de la débitante. Agée de 21 ans née le 18/1/1923 à Clermont sur Oise. Elle s'adonne parfois à de la prostitution. Elle contaminera un soldat allemand et finira à l'hôital pendant les journées du 30-31 juillet 1944. Elle en sera pas entendue lors du procès, retenue à l'hôpital de Rennes suite à son acocuchement. Son enfant nait le 5/3/1945 et décède à Mordelles le 10/8/1945.

Je lui ai dit qu’il ne faudrait pas qu’elle fasse un signe d’intelligence aux Allemands que nous rencontrerions car dans ce cas je pourrais faire usage de mon révolver. Je lui avais parlé de la pochette qui avait été trouvé en même temps qu’un papier portant la mention GICQUEL R. et je lui avais demandé ainsi qu’à sa bonne si cette pochette leur appartenait. Elles avaient toutes deux répondu négativement.

Cafe Rabine Vannes

J’ai conduit la dame LAFOURNIERE au café de la Rabine, (actuellement le bar-restaurant L"Atlantique) j’ai attendu mon lieutenant LE FLOCH pendant environ 20 minutes, c'est-à-dire, plutôt que j’ai laissé la dame LAFOURNIERE dans le café pendant que j’allais chercher LE FLOCH au café des Colonies. A mon retour, j’ai dit à a débitante dans LAFOURNIERE qu’il fallait retourner chez elle pour voir à qui appartenait la pochette. De nouveau, j’ai demandé à la débitante et à sa bonne à qui appartenait cette pochette. Je supposais que le papier indiquant le nom de GICQUEL qui était joint concernait un patriote qui aurait été dénoncé. De nouveau, j’ai obtenu des réponses négatives.

J’ai alors invité la dame LA FOURNIERE à me suivre à la Madeleine, nous sommes entrés au café RUAULT. J’avais l’intention de faire interroger la dame LAFOURNIERE par mon lieutenant que je pensais trouver un peu plus loin dans le bois de Kerlhuern. Dans le café j’ai rencontré la dame RUAULT et MAHE que je ne connaissais pas encore. J’étais habitué à consommer au café RUAULT, qui était une maison de patriotes, aussi ai-je parlé à la dame RUAULT dans l’arrière cuisine, c’est sans doute ce qui a fait penser à ma prisonnière que la débit RUAULT était un débit de patriotes. C’est aussi, je suppose la raison pour laquelle la dame LAFOURNIERE a dénoncé la dame RUAULT.

Mme veuve RUAULT, né Marie Madeleine BRIERE [31/5/1891 Plescop-1/4/1952 Vannes] a épousé le 6/6/1922, Alfred François marie RUAULT dont elle a eu un fils Alfred né en 1923 qui témoignera. Veuve, elle est la tenancière du café de la Madeleine, au 46 avenue Hoche ou 4- Place de la Madeleine.

MATEL bois Kerlhuerne

En quittant la café RUAULT, j’ai conduit la dame LAFOURNIERE dans le bois de Kerluherne ; je devais y retrouver mon lieutenant LE FLOCH. C’est pourquoi j’ai cherché dans le bois pendant un certain temps en faisant quelques détours. J’ai sorti ma mitraillette de sa cachette qui était trop près de la grande route, mais je n’en ais pas lmenacé ma prisonnière. Je l’ai seulement menacée de mon révolver. Celle-ci m’a alors affirmé qu’elle n’avait jamais vendu de patriotes et qu’elle n’avait rien fait de mal. Comme je n’avais pas d’ordre pour l’abattre, je l’ai laissé tranquille, puis je suis allé un peu plus loin pour cacher ma mitraillette dans un endroit moins exposé que celui dont je l’avais tiré.

J’ai fait une déclaration d’amour à la dame LAFOURNIERE pour avoir des relations sexuelles avec elle ; la dame LAFOURNIERE a accepté sans difficulté. C’est d’ailleurs elle qui m’en a parlé la prmeière. Elle m’a proposé également une somme d’argent sans en indiquer le chiffre mais j’ai refusé, je ne lui ai pas demandé 20.000 francs, contrairement à ce qu’elle a déclaré. Je suis revenu avec la dame LAFOURNIERE jusqu’à la Madeleine. Je suis resté route de Sainte-Anne dans un café pour attendre mon lieutenant et j’ai laissé la dame LFOURNIERE s’en aller. J’ignore ce qu’elle a fait par la suite.

Vers 18 heures, LE CAM et MAHE que j’avais rencontrés dans un café en ville, m’ont demandé si je voulais les accompagner au café de la Belote pour voir la blonde LAFOURNIERE afin de nous rendre compte « de la tête qu’elle faisait ». Aucun de nous trois n’était armé ; nous n’avions pas l’intention par conséquent de tuer la débitante. D’ailleurs nous pensions bien qu’il y avait des Allemands chez elle.

De fait, lorsque nous sommes entrés nous avons constaté que 5 Allemands se trouvaient au café de la Belote. Nous avons consommé un vin blanc chacun qui nous a été servi par la bonne mais nous n’avons pas entré ni proféré des menaces concernant la dame LFOURNIERE. A un moment donné nous nous sommes aperçus de la disparition de celle-ci. Nous avons alors réglé les consommations et nous nous sommes éloignés.

Je suis retourné au maquis de Camors tandis que mes deux camarades restaient faire la fête dans le quartier, ne se doutant pas que les gendarmes allemands étaient en train de les chercher. J’ai appris que MAHE et LE CAM avaient été arrêté peu après, près du pont de chemin de fer.

2-le lundi 31 juillet 1944 :

Le lendemain matin, je suis revenu de Camors. J’ai retrouvé en ville mon lieutenant LE FLOCH ainsi que LE LAN et son beau-frère DAGOUASSAT également patriote.

Penboch Cafe Commerce

Vers 11 heures, je passais devant le café du Commerce avec DAGOUASSAT et LE LAN. LE FLOCH marchait devant nous à environ une vingtaine de mètres. A ce moment, une voiture allemande s’est arrêtée devant les marches qui conduisent à l’abattoir, auprès du garage Lambert.
Penboch Garage Lambert

Les lieux de l'arrestation : A l'époque la rue du Mené démarrait "en haut" près de la Place de la mairie et englobait donc l'actuelle rue Joseph Le Brix. A l'emplacement de l'annexe de la mairie, une ancienne conserverie REGAL avait laissé place au n°1 rue du Mené au garage Lambert & Dupré qui devint ensuite une concession Renault au n°7 rue J. Le Brix. Il y a toujours un petit escalier qui descend vers le parking en contre-bas. Sur cette photo, la façade du garage et à droite, on aperçoit la rampe de l'escalier qui descendait sur une rue qui menait tout droit vers l'ancien abattoir qui était situé à l'emplacement de l'actuel Palais des Arts.

M. LAUSDAT, représentant de matériel automobile pour le garage Lambert et Maître BROUSSEY, avoué rue Richemont, se trouvaient à l'entrée de ce garage. Mr LAUSDAT ayant assisté à la scène nous la décrit de la façon suivante:"Vers 11 heures, le 31 juillet 1944, une auto allemande se présente à notre garage. Elle est conduite par un officeir allemand, accompagné d'un adjudant. A peine a-t-elle stoppée, que ce dernier sort précipitamment de cette voiture et tire plusieurs coups de feu sur un cyclistte [Robert MATEL]  descendant la rue Joseph Le Brix, celui-ci s'aperçoit du danger, se ramasse le plus possible sur son vélo et accélère pour éviter d'être touché. Vers le milieu de la rue du Mené, il reçoit une serviette de cuir, lancée par un autre allemand, qui cherche à le faire tomber. Il réussit à continuer sa route et à rejoindre la rue du Four où il fut cueilli quelques heures parès cette poursuite.

C'est à hauteur de l'hotel du Commerce et de l'Epée, qui fut tenu avant-guerre par Henri Ménard, le maire de Séné, qu'eut lieu l'arrestation des deux Sinagots, LE LAN et DAGOUASSAT.

Penboch rue Le Brix

[Retour au témoigange de Matel] Des officiers allemands sont descendus de l’auto ; presqu’immédiatement, ils ont tiré sur moi et mes camarades ainsi que sur LE FLOCH. J’ai été atteint de 4 balles dans la cuisse droite et la hanche. J’ai eu le bassin traversé. LE FLOCH a été atteint au ventre et j’ai appris qu’il était décédé peu après des suites de ses blessures ; mes deux autres camarades sont été fait prisonniers.

Le lieutenant LE FLOCH: beaucoup d'interrogations sur ce résistant.

Selon le caporal MATEL, il est son supérieur au sein de son bataillon de Guer. Les archives de la résistance du Morbihan sont disponibles sur site Mémoire des Hommes. On y trouve la liste des membres des 9 bataillons par secteur géographique. On y recence 19 résistants au nom de Le Floch avec leur date de naissance. Notre lieutenant LE FLOCH est-il un d'entre eux? Un certain Maurice LE FLOCH né le 21/5/1906, âgé de 38 ans à l'été 1944 est répertorié au sein du 9° Bataillon autour de la commune de Guer. [Vérifier son dossier au SHD de Vincennes]. A moins que le Lieutenant LE FLOCH ne soit le nom d'emprunt du résistant.  

Le lieutenant Le Floch était-il présent dans la fusillade? LE LAN dit que MATEL ne trouve pas le lieutenant au rendez-vous au café de la Rabine ni au café des Colonies. MATEL lui dit que le Lieutenant Le FLOCH les précédaient rue du Mené au moment de la fusillade et fut tué. Les a-t-il rejoint?

Dans la fusillade, MATEL a-t-il vraiment blessé ou tué des Allemands?  Les régistres de l'Etat Civil à Vannes ne montrent aucun soldat allemand mort le 31 juillet 1944 alors que certains sont répoertoriés lors des jourtnées du 4-5-6 août pour la Libération de Vannes.

Le Lieutenant LE FLOCH a-t-il été tué? MATEL l'affirme, comment le sait-il? Personne n'ira vérifier ce point avant le procès. On ne trouve mention d'aucun Français décédé ce jour là dans les registres. Si LE FLOCH avait été blessé et soigné dans un hôpital de la ville, il aurait eu connaissance du procès et serait venu témoigner.  L'Etat Civil de Vannes indique un certain Joachim Joseph Marie Le Floch, natif de Riantec le 21/3/1903 et décédé à Vannes à l'hôpital militaire du Grador le 1/9/1944. Vérification faite auprès des archives militaires de Limoges, il n'a pas été admis le 31 juillet 1944 mais bien avant. On ne trouve aucune trace d'un décès d'un LE FLOCH sur le site Memerial GenWeb ni sur le site Mémoire des Hommes. L'assocation des anciens résitants du Pays de Guer ne répertorie aucun lieutenant LE FLOCH qui plus est, blessé ou mort à Vannes.

 

Lorsque l’automobile s’était arrêtée devant l’escalier de la rue de l’Abattoir, j’avais vu une femme habillée en militaire allemand en sortir puis descendre les escaliers. Cependant je n’ai pas pu distinguer très nettement ses traits puisque les Allemands m’ont visé aussitôt et que je me suis enfui à toute allure. J’ai crû que c’était la dame LAFOURNIERE sans que je puisse toutefois l’affirmer car j’ai dû m’enfuir précipitamment. [L'enquête démontrera que femme LFOURNIERE se traouvait alors à Auray]

J’ai réussi en m’enfuyant à abattre trois Allemands [abattre ou tiré sur 3 feldgendarmes ou exagération?] et j’ai atteint le quartier de la Petite Garenne où j’ai été rejoint par les militaires allemands. Ne voulant pas être fait prisonnier par eux, je me suis tiré une balle de révolver sous le menton. Auparavant, j’avais sauté dans une cour alors que je me trouvais au deuxième étage d’une maison. J’ai été fait prisonnier dans le jardin de l’hôtel du Bras d’Or. A cet endroit les Allemands m’ont frappé à diverses reprises puis ils m’ont conduit à la Feldgendarmerie rue de la Fontaine. [identifier le batiment et le n° de la rue]

Ils m’ont enfermé dans la chambre de torture où ils m’ont frappé et torturé pendant environ deux heures. La porte s’est trouvée ouverte à différents moments. J’ai vu la dame LAFOURNIERE passer dans le couloir à deux reprises différentes. Je suis certain qu’à ce moment elle m’a vu et reconnu.

Peu après la dame LAFOURNIERE a été introduite dans une autre pièce où j’avais la figure en sang ; les Allemands lui ont demandé si elleme reconnaissait pour être son agresseur de la veille. Elle a répondu sans hésitation affirmativement. Elle a ajouté que je « vendais » mon pays et qu’au contraire les Allemands défendaient la France ; Elle a dit également que je ne l’avais quand même pas tuée. J’ai ensuite été de nouveau battu et torturé pour que je donne le nom de mes camarades de maquis et de mon lieutenant mais j’ai toujours refusé de donner toute indication. J’ignore si la femme LAFOURNIERE est restée dans la salle lorque j’ai été frappé à la deuxième fois car je ne me rendais plus compte de ce qui se passait autour de moi.

Peu après, j’ai été emmené au Bois de Kerlhuern par les feldgendarmes dans une voiture automobile, il y avait trois autres voitures qui suivaient celle où je me trouvais. Les Allemands voulaient savoir où j’avais caché ma mitraillette.
Je n’ai jamais parlé aux feldgendarmes de LE ROUX ; je ne le connaissais d’ailleurs pas ; mon lieutenant n’était pas LE ROUX mais LE FLOCH. Je n’ai donc pas pu indiquer aux Allemands la ferme de Kergrains comme étant l’habitation de LE ROUX . Je n’ai pas non plus parlé de LE ROUX que je ne connaissais pas de tout, je le répète, à la dame LAFOURNIERE. La dame RUAULT connaissait LE ROUX mais c’est une bonne patriote et elle n’a certainement pas parlé de lui.

La ferme de Kergrain: la famille LE ROUX habitait au nord ouest de Vannes, au delà de l'actuelle zone Laroiseau, dans une ferme au lieu-dit Kergain non loin du bois de Kelhuerne. Marie Anne LE CAM, veuve LE ROUX, 57 ans, avait un garçon, Auguste LE ROUX né le 28/9/1917. La consultation de son dossier au SHD GR 16P 365.460, nous apprends que Auguste LE ROUX fut démobilisé à Auch le 18/8/1940. Rentré au pays, il reprend son travail d'ébéniste chez Danto Frères à Trussac Vannes. Résistant depuis le 13/10/1943, Il est dépositaire d'un dépôt d'armes et de munitions depuis décembre 1943 au 6 juin 1944. Le 6 juin est est nommé chef de groupe par le capitaine Gougaud. Il combat à Botségalo le 21/6/1944 puis prend part aux combats à Billiers le 14/9/1944 et ensuite sur le front de la Vilaine du 18/9/44 au 15/11/44. Engagé volontaire au 1er septembre 1944, affecté au 41° Régiment d'Infanterie, 3° Bataillon CA3 le 16/11/1944 après la dissolution du 1er bataillon des FFI.Démobilisé le 15/9/1945.

Le 31 juillet ; les Allemands ont obtenu de moi une seule indication : que les armes venaient de chez LE PAPE. L’adresse de LE PAPE ne m’avait pas été demandée fort heureusement d’ailleurs. C’est grâce à cela qu’ils m’ont laissé tranquille jusqu’au mercredi 2 août. A cette date, ils m’ont demandé quelle était l’adresse de LE PAPE car ils l’avaient retouvé disaient-ils et il avait avoué mais que son adresse avait été perdue et qu’ils l’avaient oubliée. Je leur ai alors répondu, qu’ils n’avaient pas besoin de chercher tant et qu’il n’y avait qu’un seul PAPE, le PAPE de Rome.

Je devais être fusillé le 4 août à heures 30 mais la ville a été délivrée quelques heures auparavant.

Lecture faite, persiste et signe approuvant la rature de treize mots nuls.